Actes 21,40 – 22,21

Paul, prophète au milieu de son peuple

Père Philippe Bossuyt

L’Esprit en Actes, Lire les Actes des Apôtres, p. 128s

          Paul, debout au milieu de ses frères, commence le récit de son histoire personnelle, écoutée dans un grand silence. Pour ses frères, elle est révélation de leur propre destin. Lorsqu’il en vient à la dernière partie de son récit, la plus scandaleuse pour ses compatriotes, les auditeurs se firent plus bruyants.

          Revenu à Jérusalem, Paul, en prière dans le Temple, eut, dit-il, une extase, le Seigneur se manifestant à lui, comme il l’avait fait jadis pour le prophète Isaïe. Paul confirme solennellement ce qu’Ananias lui avait un jour donné comme consigne, et il ajoute qu’il lui faut se hâter de sortir au plus vite du Temple, de Jérusalem, et de sa terre. La plus grande transhumance d’Abraham, père des croyants, entre dans sa phase décisive. Porteur de la Parole de bénédiction pour toutes les familles de la terre, comme Abraham, il doit se mettre en route. Car son témoignage ne s’arrête pas à ceux d’ici qui le refuseront, comme ils ont rejeté celui d’Etienne, premier témoin martyr. Paul a pour vocation de faire route au loin. Appel reçu directement du Juste : Moi, je te renvoie vers les nations. Appel à vivre selon tout ce qu’il est commandé de faire dans la lumière de la gloire de Jésus.

          Lorsqu’ils entendent les mots : Je te renvoie au loin vers les nations, les auditeurs se mettent à hurler. Explosion de rage meurtrière, fort semblable à celle dont étaient animés ceux qui lapidaient Etienne, une vingtaine d’années plus tôt.  Le peuple, rassemblé là en foule, réagit comme Paul lui-même l’aurait fait quelques années auparavant. La parole qu’il leur adresse est d’une extrême dureté : ils l’ont saisie. S’il est le prophète qui leur révèle en paroles et en actes comment vivre leur vocation, sa situation est affreuse : il porte des chaînes ! Privé de liberté, il est privé de tout. La prison, c’est l’horreur d’un mort vivant. Et il ose prophétiser : La situation que Dieu réserve à son peuple pour les temps du Messie est celle dans laquelle vous me voyez ! Un peuple de prisonniers a-t-il l’usage d’un Temple ? Quelles coutumes a-t-il la possibilité d’observer ? Lui accorde-t-on encore le droit d’exister ? A moins d’avoir été, comme Paul, personnellement rencontré par le Messie et rempli de son Esprit de sainteté, une telle parole est scandaleuse, blasphématoire, insoutenable. Elle résonne comme une condamnation à mort : Un tel individu ne doit pas rester vivant !