Nombres 22, 1-8+20-35

Balaam et son ânesse

Origène

Homélie 13 sur les Nombres, 8, 1-2, SC 442, p. 153

        Balaam, auprès de qui Dieu était déjà venu, importune Dieu et lui extorque en quelque sorte la permission d’aller maudire les fils d’Israël et d’évoquer les démons. Il monte sur son ânesse. L’ange, celui qui veillait sur Israël et dont il est question dans les paroles du Seigneur à Moïse, Mon ange ira avec toi, arrive à sa hauteur. Balaam demande à poursuivre ; cela lui est accordé. En chemin, il est comprimé contre le mur par son ânesse. Mais Balaam, le magicien qui voit les démons, ne voit pas l’ange, et pourtant l’ânesse le voit. Non pas qu’elle méritât de voir un ange, pas plus qu’elle ne méritait de parler, mais c’était pour confondre Balaam et pour que, comme dit quelque part l’Ecriture, une réponse, à voix humaine, par un animal muet, démontrât la folie du prophète.

        Continuons maintenant par quelques brèves indications sur le sens allégorique.

        Si l’on voit qu’une puissance ennemie attaque le peuple de Dieu, on comprend qui est assis sur l’ânesse, et si l’on considère comment les hommes sont entraînés par les démons, on comprend qu’elle est l’ânesse.

        C’est ainsi que, dans l’Evangile, on comprend que Jésus envoie ses disciples chercher une ânesse attachée, avec son petit, pour que les disciples la détachent et la lui amènent de façon que lui-même monte sur elle. Et peut-être que cette ânesse, c’est-à-dire l’Eglise, portait auparavant Balaam, et maintenant qu’elle est détachée des liens qui la retenaient, elle porte le Christ, si bien que le Fils de Dieu peut s’asseoir sur elle, et entrer avec elle dans la cité sainte, la Jérusalem nouvelle. C’est alors qu’est accomplie l’Ecriture qui dit : Réjouis-toi, fille de Sion, exclame-toi, fille de Jérusalem, voici que ton Roi vient à toi avec douceur, assis sur une bête de somme. La bête de somme, c’est l’ânesse, et l’Ecriture reconnaît en elle, sans hésitation, les croyants issus des Juifs, et en le nouvel ânon, sans plus de doute, ceux qui sont issus des païens et qui croient au Christ Jésus notre Seigneur, à qui sont la gloire et la puissance pour les siècles des siècles.