Nombres 12,16 – 13,3+17-33

La terre de Canaan

Rupert de Deutz

De la Trinité I, 37, PL 167, 874-875

        Que signifie cette terre, sinon le repos du Seigneur ? Quel est , dis-je, ce repos du Seigneur « aujourd’hui », ayant donc son jour déterminé, après le septième jour où le Seigneur se reposera de ses œuvres ? C’est la Résurrection de la chair. La Résurrection du Christ est le glorieux repos du Seigneur. Ce « repos », cette « Terre des vivants », nous sommes envoyés pour l’explorer, nous tous qui avons en mains les Sainte Ecritures. C’est pour ceux qui comprennent l’Ecriture que l’on chante : Le Seigneur vous a introduits dans une terre où coulent le lait et le miel, afin que la Loi du Seigneur soit toujours dans votre bouche. A force de lire et de scruter, montons dans cette terre excellente, explorons-la : nous sommes arrivés à la colline de la grappe ; le rameau est coupé avec son raisin, deux hommes le portent sur un brancard. Qu’est-ce que le torrent de la grappe, sinon la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ ? Car en lisant les prophètes, nous comprenons qu’il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât d’entre les morts.

        Dans le vallon d’Echekol, ils coupèrent une branche de vigne portant une grappe de raisin. Comment le rameau a-t-il été coupé avec sa grappe, sinon par le feu de la Passion ? Son âme a été détachée du corps ; il est arrivé à ce rameau ce que les prophètes avaient prédit : Il a été retranché de la terre des vivants. Et ce rameau coupé, deux hommes le portent : cela signifie que deux peuples adorent le Christ en Croix, et confessent qu’il est ressuscité des morts. Naturellement, celui qui marche en avant du brancard ne voit pas ce qu’il porte, mais celui qui vient derrière l’a toujours devant les yeux : c’est pourquoi le premier peuple ne vit pas la grappe, c’est-à-dire le Christ, qu’il portait par la foi ; mais nous qui suivons, nous voyons la réalité du salut, elle nous est présente, alors que ceux-là n’en avaient que l’espérance. L’un de nos explorateurs a dit : Ce qui fut dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, et ce que nos mains ont touché, c’est la Parole qui donne la Vie.