2 Corinthiens 1,15 – 2,11

« Nous coopérons à votre joie »

Lev Gillet, un moine de l’Eglise d’Orient

Au cœur de la fournaise, p. 127s

 

        La joie ! D’abord, elle est un don. La joie ne s’acquiert pas, elle se reçoit. Nous ne pouvons pas décider : je serai joyeux. Pour éprouver la joie, nous devons la demander à Dieu ; c’est lui-même qui nous la donne.

        La joie n’est donc pas une sorte de pacte entre Dieu et nous. Ce n’est pas comme si Dieu nous disait : « Si tu observes mes commandements, je te rendrai joyeux. » Non, nous sommes liés à Dieu par une alliance unilatérale. Dans notre alliance avec Dieu, c’est Dieu qui est fidèle, et pas nous. Et la fidélité de Dieu ne dépend pas de notre propre fidélité. L’amour de Dieu est un don absolument gratuit ; c’est le don de Dieu lui-même. La joie, c’est, en allant au plus profond de nous, reconnaître l’action et la présence de Dieu en nous, de Dieu en tant qu’amour en nous.

        Il n’est pas possible de recevoir cette joie sans amour, ni d’avoir l’amour au sens divin sans la joie. Cet amour, mystère fondamental de l’univers, est comme un climat ; il nous emporte comme un vent violent. Si nous avons de la joie, c’est que nous aimons ; et si nous aimons, nous avons la joie. Nous ne pouvons pas créer la joie en nous, mais nous pouvons prendre conscience de notre joie, l’éprouver d’une manière sensible dans la mesure où nous aimons. C’est là le secret de notre joie. L’essence cachée de notre joie, c’est l’amour.

        Dans le mystère de la joie, il y a une dimension encore plus profonde, plus élevée que la joie en nous-mêmes et la joie de la rencontre avec autrui : la joie de Dieu lui-même, la joie qui est en Dieu. Cherchons à entrer dans la fournaise, dans le brasier de la joie divine ; car, à la source de tout ce qui concerne la joie, il y a un feu dévorant : le buisson ardent.

        Entre dans la joie de ton Seigneur, dit l’évangéliste Matthieu. Trop souvent on méconnaît la joie qui est dans le Seigneur parce qu’on fait de Dieu un juge, un vengeur, quelqu’un qui punit ou rétribue : là, effectivement il n’y a pas de place pour la joie. On oublie que Dieu est un cœur, un cœur qui bat pour nous à chaque instant. Ce Dieu est le Seigneur de la joie dont parle Matthieu, la source première et le maître de la joie, de toute joie. Est-ce que la joie qui est dans le Seigneur est la même que la nôtre ? Fondamentalement oui, la seule différence est de l’ordre de l’intensité. La joie du Seigneur et ma joie ont leur propre coloration, mais elles sont toutes deux animées par le même mouvement vers l’objet désiré. Dieu nous a désirés, il a trouvé de la joie en nous rendant capables de répondre à ce désir. Nous touchons là à la clef du mystère de la création : l’amour qui ouvre à la joie lorsque l’union avec l’objet désiré et aimé s’accomplit.