2° lecture Mercredi des Cendres

Isaïe 58, 1-14

« Pitié pour moi, Seigneur, en ta bonté »

Saint André de Crète

Du Grand Canon de Carême, tropaires et odes

 

        Par où commencerai-je à déplorer les actions de ma vie, et quels seront, ô Christ, les premiers accents de ce chant de peine ? Accorde-moi, dans ta miséricorde, le pardon de mes péchés. Emule du premier Adam dans les voies de la transgression, je me suis vu dépouillé de mon Dieu, privé du Royaume éternel et de sa joie par mon péché. Si Adam, pour avoir violé un seul de tes commandements, a été en toute justice chassé du jardin d’Eden, que dois-je subir, ô Sauveur, moi qui transgresse constamment tes paroles de vie ?

        Tel le potier qui façonne l’argile, tu m’as dispensé, ô Créateur, une chair et des os, et tu m’as animé d’un souffle de vie. Aujourd’hui, ô Rédempteur, ne repousse pas ma pénitence. J’ai péché plus que tous les autres hommes ; contre toi, toi seul, j’ai péché. Cependant toi, mon Sauveur, prends en pitié l’œuvre de tes mains.

        J’ai mis en pièces le premier vêtement que tu m’avais tissé, ô Créateur, et depuis me voilà gisant dans ma nudité. J’ai essayé de me couvrir d’un vêtement déchiré, œuvre du serpent qui m’a séduit, et me voilà couvert de honte. J’ai perdu ma beauté première ; le péché a cousu pour moi des tuniques de peu après m’avoir dépouillé de la robe tissée par Dieu lui-même. J’ai enfoui dans l’abîme de mes passions la beauté de mon image primitive. Ô mon Dieu, cherche-moi et retrouve-moi, telle la drachme perdue.

        En Toi, vainqueur de la mort, est la source de vie et vers toi je crie du fond du cœur : j’ai péché, sois propice à moi, et sauve-moi. Mon corps est souillé, mon esprit enténébré, je suis couvert d’ulcères ; mais toi, ô Christ médecin, guéris-moi par la pénitence ; lave-moi, ô Sauveur, je serai blanc plus que neige.

        Pour nous, tu as immolé, ô Verbe, sur la croix ton corps et ton sang, ton corps pour me renouveler, ton sang pour me purifier. Tu as donné ton Esprit pour me rapprocher de ton Père.         Tu as opéré le salut au milieu de la terre, ô Créateur, afin que nous soyons sauvés. Tu fus cloué à l’arbre de douleur et l’Eden aussitôt se rouvrit. C’est pourquoi le ciel et la terre, et toute la création, et la foule des nations rachetées t’adorent.

        Que le sang et l’eau de ton côté soient pour moi la piscine du baptême et le breuvage qui absout les péchés afin que, d’un cœur pur, je puise dans ta Parole vivifiante l’onction sainte et que j’étanche ma soif. L’Eglise possède comme coupe ton côté qui fut percé et d’où jaillit pour nous la double source de la rémission et de la connaissance, image de l’Ancien et du Nouveau Testament réunis, toi le Sauveur.

        En toi, je vois le port de ton Salut, Seigneur Jésus ; aussi du haut de ton sanctuaire tire-moi de l’abîme de mon péché.