2° lecture Fête de la Chaire de saint Pierre

Actes des Apôtres 11, 1-18

La persévérance de Pierre

Aelred de Rievaulx

Sermon 18 pour la fête des apôtres Pierre et Paul, Pain Cîteaux 12, p. 42s

 

        Elle est bien faible cette colonne, je veux dire saint Pierre, quand la voix d’une simple servante le jeta par terre. Le Seigneur a ensuite affermi cette colonne quand il l’interrogea par trois fois : Pierre m’aimes-tu ? Et par trois fois il répondit : Je t’aime, Seigneur.  Par le fait qu’il l’avait renié trois fois, il a, pour ainsi dire, amoindri en lui l’amour pour notre Seigneur : cette colonne s’était donc effondrée et fracturée. De même, par le fait qu’il confessa trois fois son amour, la colonne qu’il était a été affermie. Il est à remarquer que lorsque Pierre répondit : Je t’aime, le Seigneur lui répondit aussitôt : Paix mes brebis. C’est comme s’il disait : L’amour que tu as pour moi, montre-le en faisant paître mes brebis. Ainsi, frères, c’est à tort qu’il prétend aimer Dieu celui qui ne veut pas faire paître ses brebis.

 

        Que dire de la persévérance de Pierre ? N’aurait-il rien enduré d’autre pour le Christ, il suffirait en tout cas qu’il ait été aujourd’hui crucifié pour Lui. Et ce qui est particulièrement digne d’éloges, c’est qu’il n’a pas voulu être crucifié comme notre Seigneur, mais il a voulu avoir les pieds en l’air et la tête en bas. Il savait bien où était Celui qu’il aimait, Celui qu’il désirait, Celui vers qui il soupirait. Où était-il sinon au ciel ? Pourquoi donc voulut-il avoir les pieds orientés vers le haut, sinon pour manifester clairement qu’il irait vers le ciel pour ce martyre ? Cette croix en était comme le chemin. Oui, frères, la croix du Christ est un chemin vers le ciel, et il n’y en a pas d’autre. Ayons donc devant les yeux, frères, la vie et la mort des saints, particulièrement en ce jour celles de l’apôtre saint Pierre, ainsi que leur récompense. Songeons à ceci : si nous imitons autant que possible leur martyr, nous irons sans aucun doute vivre en leur compagnie. Par leurs mérites, que notre Seigneur Jésus-Christ daigne nous l’accorder, lui qui vit et règne avec le Père et le Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.