Genèse 16, 1-16

L’intimité avec Dieu

Père Claude Morel

Prier 15 jours avec François de Sales, p. 53s

        Qui dit vie de prière, qu’elle soit vocale ou  mentale, dit aussi temps de prière. Surgit alors une objection : nous sommes surchargés de travail, nous n’avons pas de temps, ou si peu pour prier. Un chrétien doit savoir s’arrêter pour prier. Le temps qu’il peut donner au Seigneur dépend, certes, des situations concrètes ; il dépend avant tout de sa plus ou moins grande foi, de sa plus ou moins grande générosité. Respectons les priorités : Le temps que nous déterminons de donner à Dieu en l’oraison, donnons-le lui avec notre pensée libre et désoccupée de toutes autres choses, avec résolution de ne jamais le reprendre, quels que travaux qui nous arrivent, et tenons un tel temps pour chose qui n’est plus à nous.

        L’essentiel est ailleurs, il est de vivre constamment en présence de Dieu et de grandir sans cesse dans son intimité : Rappelez le plus souvent que vous pourrez avoir durant la journée votre esprit en présence de Dieu. Efforcez-vous de faire plusieurs retraites en la solitude de votre cœur, même pendant que corporellement vous êtes parmi les conversations et les affaires, et cette solitude mentale ne peut être nullement empêchée par la multitude de ceux qui sont autour de vous, car ils ne sont pas autour de votre cœur, mais autour de votre corps ; votre cœur, lui, demeure seul, en la présence de Dieu, seul.

        Le rythme de notre vie s’est considérablement accéléré, la multiplicité des informations nous submergent et tend à nous faire oublier l’essentiel, Dieu. Il s’agit pour nous de mieux percevoir son amour, de nous laisser entraîner dans le cœur à cœur qu’il nous propose. Oui, il est possible de vivre dans l’intimité de Dieu au cœur même d’une existence très active. La dynamique et l’efficacité de notre travail n’en sont nullement affectées. Cet exercice de la présence de Dieu au long de la journée n’est point malaisé, car il peut se réaliser en toutes nos affaires et nos occupations, sans aucunement les incommoder, d’autant que, soit en la retraite spirituelle, soit en ces élancements intérieurs, on ne fait que des petits et courts divertissements qui n’empêchent nullement la poursuite de ce que nous faisons.