Genèse 8, 1-22

La révélation progressive à l’humanité déchue

Père Paul-Marie de la Croix

L’Ancien Testament, source de vie spirituelle, p. 26s

        En Adam, c’était à la créature et à l’enfant de Dieu qu’allaient les dons divins. C’est pourquoi ils avaient pu être prodigués de façon plénière. Dans le premier homme, l’humanité entière était, par avance, appelée à semblable félicité. Par le péché d’Adam, c’est aussi l’humanité entière qui sera privée de ce privilège, et subira les conséquences de la faute originelle. La Bible nous apprend qu’elle augmente encore cette déchéance en s’enfonçant volontairement dans le mal, et qu’elle y fit des progrès redoutables ! La terre se corrompit devant Dieu et se remplit de violence, car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre.

        Spectacle douloureux  dont souffre celui qui a créé l’homme, et qui provoque son juste courroux : Dieu vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. Cette humanité entièrement corrompue et si totalement infidèle à sa vocation, Dieu se décide à la détruire : La fin de toute chair est venue devant moi, dit-il à Noé, car la terre est couverte de violence.      Puisqu’il n’est plus de cœurs ouverts à la voix et aux appels d’en-haut, que servirait de laisser se multiplier une race dont la malice va croissant chaque jour ? S’il existait un homme, un seul, dont l’âme fût droite, attentive et fidèle, ne ferait-elle pas fléchir la colère divine ?

        Lors du déluge, la colombe ne trouva d’abord où se poser : la terre était encore couverte par les eaux. C’est seulement lorsqu’elle fut envoyée de nouveau en reconnaissance par Noé, qu’elle revint, portant dans son bec un rameau d’olivier.

        Tout de même, il semble que, dans un premier regard jeté sur l’humanité, Dieu ait aperçu celle-ci entièrement submergée par le péché. Mais il la regarde à nouveau, et cette fois aperçoit le seul juste que contînt alors la terre.

        Un seul plan d’olivier suffit à la colombe pour s’y poser et en rapporter un  symbole d’espoir et de paix. Alors Dieu se contentera d’un seul juste pour pardonner à l’humanité et sceller son alliance avec elle. Ce juste, c’est Noé, Noé demeuré pur au sein de la corruption générale : C’était un homme juste, intègre, parmi les hommes de son temps. Le seul aussi, sans doute, à avoir conservé intact le culte d’adoration du vrai Dieu : Noé construisit un autel au Seigneur, et il offrit des holocaustes. C’est lui qui plaidera la cause de l’humanité pécheresse. Certes il n’a pu lui éviter le châtiment, du moins obtient-il qu’elle ne soit pas anéantie dans l’avenir. Dieu lui en donne l’assurance formelle : Je ne maudirai plus la terre, et ne frapperai plus tout être vivant, comme je l’ai fait.