Genèse 14, 1-24

L’Ecriture réfère Melchisédech au Christ

Saint Jean Chrysostome

Homélie 12 sur la Lettre aux Hébreux, PG 63, col. 97

        L’auteur de la lettre aux Hébreux veut montrer la supériorité de la Nouvelle Alliance sur l’Ancienne. Pour cela, il utilise le type, la figure comme un élément de crédibilité en faveur de la vérité, le passé confirmant le présent pour aider la foi des auditeurs. Le plus admirable est que le type lui-même, la simple figure de ce qui devait venir, l’emporte déjà sur les faits du premier Testament. L’auteur de cette lettre écrit donc : Ce Melchisédech, Roi de Salem, prêtre du Dieu Très-Haut, qui vint au-devant d’Abraham et le bénit, Abraham lui offrit la dîme de tout.

        Ayant ainsi résumé l’historique, l’auteur contemple le mystère, et commence par scruter le nom même de Melchisédech. D’abord ce nom veut dire : Roi de Justice. Mais qui est le Roi de Justice, sinon Jésus-Christ notre Seigneur ? Melchisédech est aussi Roi de Salem, le nom de sa ville : donc Roi de la Paix, puisque Salem signifie Paix. Ceci s’applique encore au Christ, car c’est lui qui nous a justifiés, et qui a pacifié le ciel et la terre. Y en a-t-il un autre que l’on puisse appeler Roi de Justice et de Paix ? Ensuite, l’auteur signale différentes caractéristiques : sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours ni fin de sa vie, assimilé au Fils de Dieu, il demeure prêtre pour l’éternité.

        De Melchisédech, nous ignorons le commencement de ses jours, et la fin de sa vie, parce qu’ils ne sont pas mentionnés dans l’Ecriture. Nous ignorons aussi le commencement et la fin du Christ, mais pas pour la même raison : Melchisédech est la figure, son commencement et sa fin ne sont pas écrits dans le Livre ; Jésus est la Vérité, et simplement il n‘a pas de commencement, ni de fin. Le Fils n’a pas de commencement. Il a un Père, sinon comment serait-il Fils ? Mais il n’a ni commencement, ni fin.

Melchisédech bénit Abraham, le dépositaire de la Promesse. Comme la promesse était pour le Juifs le comble de l’honneur, l’auteur de la Lettre montre que la logique et le sens commun donnent le pas à Melchisédech sur Abraham. Sans contredit, c’est le supérieur qui bénit l’inférieur. Donc la simple figure du Christ est  au-dessus même d’Abraham.