Genèse 15, 1-21

L’Alliance avec Abraham

Père Divo Barsotti

Il Dio di Abramo, p. 218

        L’Alliance avec Dieu produit immédiatement, chez Abraham, l’angoisse : Dieu conclut avec l’homme un pacte de sang : s’unir à Dieu voudra dire pour l’homme être réservé à la Passion. La mystique d’Abraham est déjà une mystique de la Croix.

        L’enseignement de cette page est vraiment divin. Israël pourra ne pas comprendre, mais le Mystère de la Croix est déjà présent dans les premières pages de la Genèse, dans cette première conversion de l’homme vers le Paradis perdu. L’angoisse qui oppresse le cœur d’Abraham a une origine toute surnaturelle, un caractère mystérieux. Abraham tombe dans un profond sommeil : à l’extase joyeuse d’Adam, en Eden, correspond l’extase douloureuse de celui que Dieu a choisi pour être le nouveau père de ceux qu’Il veut sauver en les reprenant à la terre de malédiction et les appelant à la Terre Promise. A cette extase d’Abraham, liée à un sacrifice, répondra l’extase infiniment plus mystérieuse de Jésus qui meurt en sacrifice sur la Croix. Et en cette extase, d’une angoisse infiniment plus grande que celle d’Abraham, l’Eglise naîtra de son côté percé.

        La théophanie de l’Alliance contient les caractères communs à toutes les théophanies vétérotestamentaires, mise à part l’apparition de Mambré qui est unique dans la Sainte Ecriture. Dieu passe et son passage est un passage de feu. Si toute théophanie répète ces caractères, c’est parce que toute l’histoire de la Révélation divine est ce passage. La création n’est que la matière du sacrifice que Dieu consume en passant au milieu de nous.

Comme le soleil se couchait, un profond sommeil tomba sur Abraham : une angoisse, une obscurité profonde tombèrent sur lui. La prédiction que Dieu fait alors à Abraham est dans le même ton d’avertissement que celle du Christ annonçant aux apôtres son Mystère Pascal : sa résurrection n’interviendrait pas sans qu’Il soit passé par sa passion et sa mort, ainsi la Terre Promise ne serait donnée à Israël que par delà l’exil prolongé en Egypte, suivie de l’Exode.