Isaïe 42,1-8 + 49,1-9

L’immersion du Seigneur dans le Jourdain

Saint Nicolas Vélimirovitch

Homélies sur les Evangiles des dimanches et jours de fête, p. 104s

        Le Christ s’immergea dans l’eau, non pour se purifier, mais pour noyer symboliquement l’homme ancien. En s’immergeant dans l’eau, il renouvelle en esprit le déluge du monde à l’époque de Noé, ainsi que le déluge du pharaon et de son armée égyptienne dans la Mer Rouge. Dans le déluge du monde, c’est l’humanité pécheresse qui se noya ; dans la Mer Rouge, se noya le pharaon, ennemi du Dieu vivant. Le Christ a pris volontairement sur lui les péchés des hommes : c’est volontairement qu’Il a accepté d’être immergé à la place de l’humanité pécheresse ; c’est volontairement qu’Il a assumé le destin du pharaon noyé, ennemi du Dieu vivant. Il immerge Son corps dans l’eau, comme s’Il l’inhumait dans un tombeau. Il s’immerge dans l’eau pendant un instant, puis se redresse et sort de l’eau. Ainsi il répète la terrible leçon que Dieu a infligée aux hommes lors du déluge des pécheurs au temps de Noé, et du déluge du pharaon dans la Mer Rouge. Ainsi, de façon diverse, mais de manière tacite, Il montre ce qu’il dira plus tard à Nicodème : A moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. Mais ne peut naître de nouveau dans cette vie même, que celui en qui meurt le vieil homme, c’est-à-dire celui en qui meurt le vieil homme pécheur : celui qui s’immerge dans son péché et se relève purifié du péché, celui qui s’immerge avec son corps en homme charnel et qui se relève comme homme spirituel, celui qui s’ensevelit avec le Christ lors du baptême comme dans le tombeau, celui qui fait sombrer l’orgueil, la désobéissance, l’égoïsme et toute impureté du vieil homme pécheur et se redresse dans l’humilité et la douceur, l’obéissance et l’amour, celui qui meurt en soi et revit en Dieu. En un mot, celui qui s’ensevelit en pécheur naît de nouveau comme un juste : celui-là réalisera l’exemple que le Christ lui a donné lors de Son baptême dans le Jourdain. Avant que la deuxième vie commence, il faut en terminer avec la première, dit saint Basile le Grand. Ah ! Comme le baptême du Christ, avec l’immersion de Son saint corps dans l’eau est hautement significatif et très instructif ! Seule la Sagesse infinie de Dieu a pu concevoir le baptême dans le Jourdain de manière si utile et si instructive pour les hommes ; seule cette Sagesse infinie, qui voit le passé et l’avenir comme le présent, était en mesure de relier les débuts et les aboutissements de l’histoire des hommes, et de mettre en rapport le déluge subi par l’humanité pécheresse et l’immersion du Christ dans l’eau. Seule cette Sagesse indicible peut, avec une image, un acte, un signe, dire davantage que toutes les langues terrestres des hommes. En fait, toute l’action de notre salut est exprimée par le baptême du Christ dans le Jourdain.