Isaïe 21, 6-12

L’écoute intérieure

Benoît XVI

Les Pères de l’Eglise de Clément de Rome à Maxime le Confesseur, p. 142s

        De la vie et de l’exemple de l’évêque Ambroise, Augustin apprit à croire et à prêcher. Voici ce qu’écrivit l’Africain dans un de ses sermons : Ceux qui vaquent au ministère de la parole doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s’attacher aux Ecritures, de peur que l’un d’eux ne devienne un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l’écouterait pas au-dedans. C’est justement d’Ambroise qu’Augustin apprit cette écoute intérieure, cette assiduité à la lecture de la Sainte Ecriture de façon priante, pour être capable d’accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et de l’assimiler.

        Augustin, dans ses Confessions, s’émerveille de ce qu’Ambroise lisait les Ecritures en silence, des yeux seulement ; en effet dans les premiers siècles chrétiens, la lecture était encore strictement conçue à des fins de proclamation, et la lecture à haute voix facilitait la compréhension d’abord par le lecteur lui-même, ensuite par l’auditeur, lequel souvent ne savait pas lire. Qu’Ambroise pût parcourir les pages des yeux seulement était pour Augustin, admiratif, le signe d’une singulière capacité de lecture et de familiarité avec les Ecritures. Dans cette lecture du bout des lèvres par laquelle le cœur s’ingénie à atteindre l’intelligence de la Parole de Dieu, on peut entrevoir la méthode de la catéchèse ambrosienne : c’est l’Ecriture elle-même, intimement assimilée, qui suggère les contenus devant être annoncés pour mener à la conversion des cœurs.

        Si l’on s’en tient au magistère d’Ambroise, comme de celui  d’Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de vie : celui qui éduque à la foi doit être comme le disciple favori qui, reposant sa tête sur le cœur du Maître, y apprit la façon de penser, de parler, d’agir ; le vrai disciple est celui qui annonce l’Evangile de la manière la plus crédible et la plus efficace.

        Comme l’apôtre Jean, l’évêque Ambroise, qui ne se lassait jamais de répéter Le Christ est tout pour nous, reste un témoin authentique du Seigneur. Avec saint Ambroise, disons : Si tu veux guérir une blessure, le Christ est le médecin ; si tu es brûlant de fièvre, il est la fontaine ; si tu es opprimé par l’iniquité, il est la justice ; si tu as besoin de secours, il est la force ; si tu as peur de la mort, il est la vie ; si tu désires le ciel, il est la voie ; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière. Goutez et voyez comme est bon le Seigneur : bienheureux l’homme qui met son espérance en lui ! Nous aussi, frères, espérons dans le Christ, ainsi serons-nous bienheureux et vivrons-nous dans la paix.