Isaïe 1, 21-27 + 2, 1-5

L’appel des nations païennes

Saint Jean Chrysostome

Sur Isaïe, chapitre 2, n° 1-3

        Vision d’Isaïe, fils d’Amos, au sujet de Juda et de Jérusalem. Cette introduction montre avec évidence que les prophètes n’ont pas proclamé tous leurs oracles en une seule fois ; ils énonçaient leur messages par intervalles, et ces prédictions, plus tard réunies, formaient le corps entier du livre. Mais ce n’est pas l’unique raison : le sujet qu’Isaïe va traiter maintenant est très éloigné de ce qui a précédé et est beaucoup plus élevé ; il va nous parler de l’appel des païens, de la prédication évangélique, de la connaissance de Dieu se répandant par toute la terre des hommes, et de la paix recouvrant l’univers. Et si, sur le point d’aborder de si grandes vérités, il mentionne Juda et Jérusalem, il ne faut pas en être surpris : cet oracle est une prophétie et Isaïe la cache sous ces noms-là, en attendant qu’elle se réalise.

        Il arrivera dans les derniers jours, dit Isaïe, que la montagne de Sion sera placée au sommet des montagnes, et toutes les nations s’élanceront vers elle. On ne peut appliquer ces paroles au Temple de Jérusalem : il était défendu, rigoureusement interdit aux étrangers d’y entrer. Alors pourquoi parler de l’entrée des païens dans le Temple quand la Loi défendait aux Juifs avec les plus terribles menaces de se mêler aux gentils et qu’elle leur en demandait compte avec une extrême sévérité.

        Il n’en est plus ainsi de nos jours : l’Eglise s’ouvre largement sans aucune peur, elle tend des mains suppliantes pour accueillir chaque jour tous les peuples de l’univers. Tel est le commandement que les premiers maîtres de notre foi ont reçu du Fils unique, lorsqu’ils l’ont entendu, de sa propre bouche, leur dire : Allez, enseignez toutes les nations.

Je remarque encore que le prophète, ici, ne fait pas seulement allusion à l’appel des païens, il mentionne l’empressement de leur réponse. Il ne dit pas : Les nations seront amenées, mais bien, Elles s’élanceront. Il leur suffit d’entendre une simple parole pour accourir toutes ensemble. C’est ce que David fait pressentir quand il dit : Un peuple d’inconnus s’est mis à me servir ; et admirant l’empressement de leur réponse, il ajoute : Au premier mot, ils m’obéissent.

Des peuples nombreux s’y rendront et diront : Venez, montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob ! Regardez-les marcher en formant des chœurs de danse : ils s’encouragent les uns les autres, ils s’instruisent mutuellement ! Ce n’est pas un, ou deux, ou trois nations, c’est la foule des peuples qu’on voit accourir de concert.