Jérémie 30,18 – 31,9

Le retour à la Jérusalem du ciel Paul VI

Saint Augustin

Discours sur le psaume 147, 5-7, tome 2, p. 1043s

        Lorsque les habitants de Jérusalem eurent été déportés à Babylone, les prophètes annoncèrent la restauration de Jérusalem ; ils prophétisèrent qu’une fois le peuple délivré de la captivité, une cité nouvelle serait rebâtie sur les ruines de l’ancienne. Cette captivité, nous la connaissons nous aussi, si nous avons vraiment conscience de notre condition de pèlerins. Dans ce monde, en effet, au milieu des tribulations de cette terre, dans cette accumulation sans limites de scandales, nous gémissons dans une sorte de captivité. Mais nous en serons délivrés ; déjà nous est annoncée notre nouvelle cité à venir, cité semblable à l’ancienne. Après les prédictions des prophètes, s’accomplit d’une manière visible tout ce qui devait faire de cette cité une image de la cité invisible.

        Comme l’avait prophétisé Jérémie, Jérusalem fut restaurée après soixante-dix ans de captivité. Par ces soixante-dix années, sous la figure de ce septénaire, est précisé par le prophète le temps présent qui s’écoule ; ce temps, vous le savez, s’écoule sous ce signe de sept : sept jours s’en vont et sept jours reviennent. Jérémie, en prophétisant ainsi que Jérusalem serait restaurée après soixante-dix ans, offrait une image des choses à venir ; après cet écoulement perpétuel du temps présent qui se déroule sous ce signe de sept, il annonçait cette future figure qui sera à jamais nôtre dans un aujourd’hui éternel.

        Qu’est-ce qui est chanté dans cette ville ? Elevons-nous jusqu’à elle, car l’Esprit de Dieu nous inspire une grande estime pour cette Jérusalem. Il en répand l’amour en nous pour que nous soupirions vers elle, et que, gémissant dans notre exil, nous ayons hâte d’arriver en la cité sainte. Aimons-là ; l’aimer, c’est marcher vers elle.

        Demeurant encore sur cette terre, les prophètes envoient devant eux la joie de l’espérance ; ils aspirent à cette patrie, ils s’unissent de cœur aux anges de Dieu et à tout ce peuple qui demeurera avec eux dans l’allégresse. Aussi n’arrêtent-ils pas de chanter : Loue le Seigneur, Jérusalem, célèbre ton Dieu, ô Sion. Cette Jérusalem, soyez-la tous !