Ezéchiel 36, 16-34

«  Ramène, Seigneur, nos captifs »

Saint Augustin

Discours sur le psaume 125, tome 2, p. 997s

        Seigneur, ramène-nous de notre captivité, comme le vent du Midi ramène le torrent. Que votre charité écoute bien ces paroles. Déjà il est dit : Quand le Seigneur délivrait Sion de la captivité. Ce langage est au passé. Mais les prophètes se servent souvent du passé pour prédire l’avenir. Ainsi quand le prophète nous dit : Lorsque le Seigneur délivrait Sion de la captivité, nous avons été comme ceux que l’on console : alors notre bouche a été pleine de joie, et notre langue d’allégresse, Il nous montre que, sous la figure du passé, il annonce l’avenir, puisqu’il ajoute : Alors on dira parmi les nations. On dira est au futur. Le Seigneur a manifesté sa gloire dans ce qu’il a fait pour nous ; nous avons été comblés de joie. Quand on chantait ces cantiques, tout cela devait arriver ; et maintenant, nous le voyons s’accomplir. Le prophète prie pour l’avenir, lui qui, tout à l’heure, annonçait l’avenir sous la forme du passé : Seigneur, mettez fin à notre captivité. La captivité n’était donc point terminée encore, puisque le Rédempteur n’était point encore arrivé. Cette prière que l’on faisait à Dieu quand on chantait ces psaumes est donc maintenant accomplie : Seigneur, ramène-nous de notre captivité, comme le vent du Midi ramène le torrent. De même que le vent du Midi fait couler les torrents, fais cesser, Seigneur, notre captivité. Ailleurs l’Ecriture dit : Vos péchés seront dissous comme la glace sous un ciel serein. Nos péchés nous resserraient donc. Comment ? Comme la glace resserre l’eau, et l’empêche de couler. Le froid de nos péchés nous a gelés sous ses étreintes. Mais le vent du Midi est très  chaud : quand il souffle, il dissout les glaces, et les torrents se remplissent. La captivité nous avait gelés, nos péchés nous tenaient enchaînés ; mais le vent du Midi, l’Esprit-Saint, a soufflé, nos péchés nous ont été remis et nous avons été dégagés du froid de l’iniquité, nos péchés ont fondu comme la glace au vent du Midi. Courrons donc, frères, vers notre patrie comme les torrents au souffle du Midi.