Ezéchiel 38,14 – 39,10

Difficultés pour traduire et commenter les livres de l’Ecriture Sainte

Saint Jérôme

Saint Augustin, OC 5, Lettre 165 de saint Jérôme à Marcellin, p. 449s

        J’ai voulu autrefois prendre le livre du prophète Ezéchiel et remplir la promesse que j’avais faite si souvent aux lecteurs studieux, mais lorsque je commençais à dicter mon exorde, mon esprit a été tellement troublé par les malheurs de l’Occident et surtout de la ville de Rome, que, pour me servir du proverbe commun, j’en avais oublié jusqu’à mon nom. C’est pourquoi j’ai gardé un long silence en pensant que nous étions dans une époque de larmes.

Cette année, j’avais expliqué trois livres, jusqu’à l’invasion subites des Barbares semblables aux Barcéens errants au loin comme l’a écrit Virgile dans l’Enéide, ou à cet Ismaël dont la Sainte Ecriture, dans le livre de la Genèse, dit qu’il habitera à la face de tous ses frères ; cette invasion de Barbares est venue fondre sur l’Egypte, la Palestine, la Phénicie, la Syrie, se précipitant, comme un torrent qui entraîne tout dans son cours, et avec une telle violence, que c’est par la miséricorde de Jésus-Christ que nous avons pu échapper à leurs mains.

S’il est vrai de dire, à la suite de Cicéron, illustre orateur, que les lois se taisent au milieu des armes, combien plus peut-on appliquer cette vérité à l’étude des Saintes Ecritures, étude qui a besoin de silence, d’une multitude de livres, de l’activité de ceux qui écrivent, et de la sécurité comme du repos de la part de ceux qui dictent. J’ai envoyé deux de ces livres à Fabiola ; vous pouvez les emprunter si vous en désirez prendre une copie. Le manque de temps ne m’a pas permis de faire copier les autres. Lorsque vous aurez lu ces livres, et que vous aurez vu, pour m’exprimer ainsi, le vestibule, il vous sera facile de conjecturer ce que sera la maison elle-même.

J’espère que la miséricorde de Dieu, qui m’a aidé dans le commencement si difficile de cet ouvrage d’Ezéchiel, me prêtera encore son secours dans les parties suivantes de ce livre du prophète, surtout là où sont racontées les guerres si difficiles à comprendre de Gog et de Magog, ainsi que dans la dernière partie où il décrit la construction, la variété, et les dimensions du Temple sacré et inexplicable.