Luc 20, 27-38

La résurrection des morts Paul VI

Origène

 Homélie sur saint Luc, Homélie 39, SC 87, p. 451s

        Pour prendre en défaut l’enseignement du Sauveur, les Sadducéens soulevèrent le problème d’une femme qui avait eu sept maris : A la résurrection des morts, qui des sept frères doit la réclamer pour femme ?

        Le Sauveur leur répond en disant : Vous êtes dans l’erreur, vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. Car, à la résurrection des morts, on ne prendra ni femme, ni mari, car on sera comme les anges dans les cieux. Ceux qui seront comme des anges seront certainement des anges. Et il faut savoir que les anges ne se marient pas. Ici-bas, à cause de la mort, il faut des mariages et des enfants, mais où règne l’immortalité, point n’est besoin de mariage, ni de fils. Je vais me poser une question  bien ennuyeuse et qui n’est pas résolue facilement au dire de ceux qui, très versés dans l’étude de l’Ecriture, méditent jour et nuit la Loi du Seigneur. Où, disent-ils, est-il écrit : On ne prendra ni femme, ni mari ? En repassant en mémoire et en pensée, aussi bien l’Ancient que le Nouveau Testament, je ne me souviens pas y avoir trouvé quelque part un passage semblable.

        Toute l’erreur des Sadducéens vient de ce qu’ils ne comprennent pas les textes prophétiques. Quand ils lisent dans Isaïe : Mes élus n’auront pas d’enfants destinés à leur perte, et dans le Deutéronome, au chapitre des bénédictions : Bénis soient les fils de ton sein, ils pensent que cela s’accomplira lors de la résurrection, sans comprendre qu’il s’agit de prophétie concernant des bénédictions spirituelles. Paul, qui savait que toutes les bénédictions citées dans la Loi ne sont pas à entendre au sens charnel, les interprétait d’une façon spirituelle ; aussi dit-il aux Ephésiens : Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles. Toutes ces bénédictions seront donc des bénédictions spirituelles quand, à la résurrection des morts, nous obtiendrons la béatitude éternelle. C’est donc aux Sadducéens, une fraction du peuple juif, qui comprenaient tout selon le sens charnel, que d’adresse le Sauveur, quand il dit : Vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. Voilà ce qu’il faut dire, en peu de mots, sur la question que les Sadducéens posèrent au Seigneur.