2 Rois 21,1-18 + 23-22,1

Manassé, le roi pécheur, et son égarementPaul VI

Père Paul-Marie de la Croix

L’Ancien Testament, source de vie spirituelle, p. 328s

Sans doute, éclairé par les commandements divins et l’enseignement de la Révélation, l’homme devrait clairement connaître ses fautes, et les accuser. Mais le propre du pécheur, tel le roi Manassé, est de se justifier et de s’excuser. Le péché se dresse entre Dieu et l’homme pour aveugler celui-ci. Le malheureux ne peut se reconnaître coupable que par une nouvelle grâce de Dieu, une lumière intérieure et toute miséricordieuse, qui ouvre ses yeux.

Et c’est là que Dieu montre combien il ne veut être qu’un Père : sa grâce, il ne la ménagera pas. Il luttera avec le péché, il tentera par sa voix d’éveiller les cœurs, par sa lumière de chasser les ténèbres. Cette voix sera-t-elle écoutée ? Car l’ingratitude et l’insoumission reprochées ont toujours une raison profonde, celle qui désarme la grâce en lui opposant le pire obstacle, l’amour désordonné de soi.

Détournée des voies de Dieu, l’âme suit la pente de l’égarement. Peu à peu, elle se laisse aller au mensonge, et, bientôt, à la perte de toute dignité, de tout honneur, cet honneur sur lequel Dieu avait veillé si jalousement. L’infidélité et l’endurcissement du cœur aveuglent les hommes jusqu’à leur faire préférer l’illusion à la vérité. Le sens moral est perverti.

Perversion particulièrement douloureuse au cœur du Père, lorsqu’elle atteint les chefs et les guides du peuple. Ainsi, ceux qui devaient conduire les autres et auxquels Dieu a donné plus de lumière, en font fi. Bien plus, ce sont eux qui entraînent les âmes dans les voies de la perdition. Alors Dieu ne reconnaît plus le fils dont, si patiemment et avec tant d’amour, il avait formé l’âme et l’intelligence. Le péché a effacé dans le cœur de l’homme la ressemblance avec son Père, et ses relations avec lui ont été rompues

Comme de la poix, le péché adhère au cœur de l’homme qui s’en laisse toucher ; il le souille et l’obscurcit. Aussi Dieu tente-t-il d’amener son enfant à la lumière. Il lui découvre ses fautes, il lui montre comment se séparer de ce mal en y voyant une souillure et une offense. En faire l’aveu, ne serait-ce pas déjà renier le péché ?