2 Rois 18,37 – 19,19+35-37

Des espèces de moinesPaul VI

Saint Augustin

Sermons 21 adressé aux frères du désert, OC 23, p. 308s

Notre père saint Jérôme nous l’a déclaré : il y a trois espèces de moines en Egypte. Les deux premières sont excellentes, la troisième est tiède, et il faut l’éviter avec grand soin. Quelles sont les deux espèces si vantées, sinon l’ordre des ermites et celui des cénobites, dont la vie si remarquable. Ces saintes congrégations prirent naissance au temps de la prédication apostolique. Ce sont là des hommes d’une haute perfection auxquels je me suis souvent attaché au temps de mes erreurs, et par qui aussi j’ai mérité d’être éclairé. Le bruit de leur sainteté arrivant à mes oreilles, je n’ai point différé de recevoir le baptême. Désirant d’être uni avec eux dans les entrailles de la charité et de vivre de leur vie, je me rendis plein de bonne volonté près de Simplicius, ce moine qui a vécu si pieusement pour Dieu. Auprès de lui, je fus initié à la vie monastique.

Frères moines, soyez pauvres non seulement en parole, mais encore dans vos actes et en réalité, faisant attention aux paroles de Celui qui s’est fait notre rançon sur l’autel de la croix, qui est notre avocat dans les cieux, et notre intercesseur à la droite de Dieu le Père. Voilà ce que doivent être les moines des deux premières espèces. En effet ce Dieu des dieux recommandait à ses disciples d’être le sel de la terre, la lumière du monde, les recteurs de l’Eglise militante, pour être les maîtres et les princes de l’Eglise triomphante.

Bienheureux les pauvres en esprit qui ne simulent point la pauvreté comme font les moines hypocrites, eux qui prêchent la pauvreté au dehors, mais ne sachant supporter aucun besoin. Ces faux pauvres espèrent recueillir, dans toutes leurs actions, des honneurs, des louanges, le respect des tous ; ils espèrent être vénérés à l’égal de Dieu, et désirent que tous les appellent saints. Ils prêchent seulement en paroles ; ils vont et viennent ne tenant pas en place. A l’extérieur, ils montrent une face angélique, mais intérieurement ils portent celle du loup. Tels sont les sarabaïtes dont notre Père saint Jérôme nous parle en troisième lieu, et dont la société doit être évitée avec le plus grand soin.