Jérémie 2, 1-13. 20-25

Le désert Paul VIet la manne

Pères Didier-Marie Golay et Emmanuel Renault

Goûter la Parole, Thérèse d’Avila commente l’Ecriture, p. 31s

Sainte Thérèse s’est représentée la vie spirituelle, ou plutôt la vie d’intimité avec Dieu, comme un chemin à parcourir à la source d’eau vive qui symbolise à la fois le don de la contemplation et l’union d’amour avec Dieu.

Mais nul ne peut prétendre aboutir au terme sans passer par toutes sortes d’épreuves qui évoquent la traversée du désert à laquelle le peuple élu a dû se soumettre avant d’entrer dans la Terre Promise : renoncer aux consolations terrestres comme aux viandes d’Egypte, combattre contre le monde, contre soi-même (la chair) et surtout contre le démon, plus redoutables que les autres ennemis à cause de la subtilité des tentations qu’il multiplie sur la route des âmes qui s’approchent de Dieu, persévérer et espérer dans les sécheresses intérieures et les ténèbres de l’esprit imposées par le Seigneur pour purifier l’âme et pâtir la solitude provoquée par le sentiment de son absence qui avive la soif de la source d’eau vive, enfin supporter les épreuves extérieures de toutes sortes : telles les persécutions des Egyptiens contre Israël, et se sentir en exil dans le désert du monde loin de Dieu.

Cependant, Thérèse d’Avila n’est pas doloriste. Si elle décrit les difficultés du chemin, c’est qu’elle ne peut ni ne veut dissimuler aux débutants ce qui les attend dans cette traversée du désert. Mais elle insiste tout autant sur la récompense promise à ceux qui auront eu le courage et la persévérance de poursuivre leur marche sur le chemin de la perfection. Elle a repris de l’évangile de saint Jean la symbole de l’eau vive pour désigner la contemplation, elle a trouvé pareillement dans le récit de l’Exode le symbole de la manne pour signifier la même réalité surnaturelle.

De même que la manne tombe du ciel, l’union divine de la contemplation est un don qui se reçoit sans effort, ni travail de notre part, car nous n’en sommes jamais dignes. Nous pouvons le désirer, mais non pas l’exiger quelques soient nos vertus ; nous pouvons y tendre, mais non pas y prétendre. Comme la manne, la grâce de la contemplation est une nourriture qui répond aux besoins de l’âme, dont la saveur s’accommode aux goûts de chacun. Sa raison d’être n’est pas seulement de consoler et de réjouir l’âme par une expérience ineffable de Dieu, c’est aussi de la fortifier pour lui permettre de réaliser de grandes œuvres à la gloire du Seigneur ; enfin la manne, c’est aussi le pain sacré offert à notre discrétion dans l’Eucharistie.