Isaïe 37, 21-35

Isaïe et le roi Paul VIEzéchias

Joseph Blenkinsopp

Une histoire de la prophétie en Israël, p. 134s

Les récits biographiques sur le prophète Isaïe, dans les chapitres 36-39 traitent de trois incidents : son intervention en faveur du roi et de la ville assiégée durant la campagne de Sennakérib, des oracles adressés à Ezékias pendant sa maladie, et sa prédiction de l’exil à Babylone. Cette prédiction de l’exil à Babylone contraste bien avec la promesse du retour de la captivité qui marque le début du Deutéro-Isaïe. Ces récits représentent une tradition sensiblement différente de celle des oracles. Il n’y a qu’ici qu’Isaïe est appelé nabi et qu’il se présente comme un thaumaturge à la manière d’Elisée, et ce qui est encore plus remarquable, il se présente comme un prophète totalement optimiste travaillant en tandem avec le roi.

L’intervention d’Isaïe dans la campagne militaire assyrienne, provoquée par la révolte d’Ezékias, nous est parvenue dans des versions parallèles. L’une d’elles décrit le défi fanfaron d’un officier assyrien à l’endroit du roi et de ses ministres, après quoi Ezéchias vint au Temple et envoya une délégation demandant l’intercession d’Isaïe, lequel prononça un oracle d’assurance prédisant la retraite et la mort de Sennakérib : Ne crains pas. L’autre version présente le roi assyrien défiant Ezékias, lequel se rendit au Temple, pria et reçut l’assurance d’Isaïe que sa prière serait exaucée. Cette version donne plus d’importance au roi dont la prière détourne le désastre et donne l’oracle, ou du moins la conclusion en langage deutéronomique : A cause de moi et de mon serviteur David. L’accomplissement de l‘oracle dépend de la foi du roi : Si vous ne croyez pas, vous ne vous maintiendrait pas.

Ce récit traite donc du roi et du prophète à un moment décisif de l’histoire de la nation, le commencement d’une vassalité envers l’Assyrie.