Amos 5, 1-17

« Le Jour du Seigneur »Paul VI

Père Jésus Asurmendi

Amos et Osée, p. 18

        L’expression Le Jour du Seigneur a une longue histoire, mais c’est dans le livre d’Amos qu’elle apparaît pour la première fois. Il s’agit d’un oracle de malheur dont les destinataires sont ceux qui attendent un Jour du Seigneur heureux et bénéfique. Le prophète prend la parole pour inverser la situation. Les destinataires de l’oracle sont à plaindre parce qu’ils attendent un Jour du Seigneur heureux, alors qu’il sera malheureux.

        Le renversement du contenu du Jour du Seigneur opéré par le prophète révèle que ce Jour était connu et attendu par les Israélites, faute de quoi, l’intervention du prophète bouleversant le sens de l’attente, perdrait toute signification. Les Israélites attendaient l’intervention de Dieu, son Jour, en faveur de son peuple. L’idée est explicitement mentionnée en Isaïe (9,3) : Car le joug qui lui pesait, la barre sur ses épaules, le bâton de son oppresseur, tu les broies comme au jour de Madian : cette victoire sur les Madianites, le Jour de Madian, devient un exemple, une illustration de l’action de Dieu en faveur de son peuple, le Jour de Dieu. Selon Amos, ce Jour de Dieu revêtira la forme d’un jour de ténèbres, d’angoisse, d’un jour de châtiment pour Israël.

        En inversant les croyances et la théologie de ses contemporains, Amos agit en contrecourant et met en évidence l’une des caractéristiques des prophètes, qui consiste à se situer très souvent en opposition par rapport à la vie et aux opinions de son temps.

        L’expression même si elle n’est pas systématiquement utilisée, devient, dans les textes prophétiques d’avant l’exil, l’une des formules-clés pour évoquer le châtiment que Dieu va administrer à Israël. Les temps étant à la condamnation des fautes d’Israël, les livres prophétiques de cette époque contiennent beaucoup plus d’oracles de jugement que d’oracles d’espérance.

        Ce qui ne signifie pas pour autant que les prophètes d’après l’exil annoncent uniquement le bonheur, même si, à partie de l’exil, le Jour de Dieu retrouve le sens positif premier qu’il avait avant la transformation opérée par les prophètes. L’exemple le plus typique est fourni par le livre de Joël : dans la première partie de son livre (chapitres 1 et 2), le Jour de Dieu est encore employé pour désigner le châtiment historique qu’Israël subit de la part de Dieu, alors que, dans la seconde partie (chapitres 3 et 4), la formule désigne la restauration d’Israël et la destruction de ses ennemis, les nations, dans une perspective eschatologique. Le Jour de Dieu redevient l’expression de l’espérance d’Israël dans une communion heureuse et définitive avec son Dieu.