2 Rois 13, 10-25

D’où vient la force du roi ?Paul VI

Pseudo-Ephrem

Commentaire sur les livres des Rois, Bellefontaine 59, p. 245s

 

        Quand le prophète Elisée arriva à une maladie mortelle, le roi Joas vint auprès de lui ; voyant sa fin proche, il se mit à pleurer devant lui, comme un fils privé de son père, disant : Mon père, mon père ! Chars d’Israël et son attelage ! C’est la parole que dit Elisée au moment de l’ascension d’Elie. Le roi appelle donc le prophète Chars et chevaux d’Israël !, parce que la paix du royaume et les victoires d’Israël dépendaient de sa prière. Le prophète rétribua aussitôt l’amour de ses larmes et lui dit : Prends un arc et mets des flèches. Et Elisée mit ses mains sur les mains du roi ; il lui ordonna d’ouvrir la fenêtre tournée vers l’est et de décocher une flèche ; Il décocha la flèche. Et Elisée dit : Flèche de salut pour le Seigneur ! Flèche de victoire contre Aram ! C’est que la fenêtre était tournée vers Aram. Et Elisée de poursuivre : Tu frapperas les Araméens à Apheq jusqu’à les exterminer.

        Proposons deux sens spirituels à ces paroles. Un, que Dieu a lié la victoire des fils d’Israël à ce signe, ce qui n’est pas nouveau : cela existait depuis bien longtemps en ce que, quelques siècles avant, le Seigneur fit dépendre de l’élévation du bâton de Moïse les plaies d’Egypte et la sortie du peuple, de l’élévation des mains de Moïse dans la prière pour la destruction d’Amalac, et de l’élévation de la lance de Josué la dévastation de la ville de Aï. Il convenait que l’affaire soit menée de cette façon, en sorte que le peuple reconnaisse clairement et avec certitude l’aide que Dieu avait envoyée, et qu’au moment du don, le souvenir de la grâce pénètre dans leur cœur.

        Mais seul Elisée connaissait clairement le mystère, il était caché au roi, sinon il n’aurait pas frappé la terre trois fois, mais dix. Et parce qu’il se retint et s’arrêta, Elisée le blâma : non qu’il eut commis quelque faute, mais parce que, par son erreur, il privait les fils de son peuple de la victoire et du grand profit qui résulterait pour eux de l’extermination des Araméens et du renversement de leur royaume qu’Elisée désirait vivement. Il s’attrista d’être empêché parce que le roi s’était arrêté et n’avait pas multiplié les coups prescrits.

        Que la flèche ait été tirée par la fenêtre orientale signifie que l’œuvre de notre salut a été achevée par l’ascension de notre Seigneur, en ce qu’il chevaucha plus haut que les cieux des cieux à l’Orient, et, par son ascension, éleva les portes éternelles et nous fit monter captifs aux cieux. La flèche fichée en terre et ôtée de terre, ou s’éloignant d’elle, figure la sépulture de notre Seigneur et sa résurrection d’entre les morts après qu’il descendit et resta au cœur du Shéol et dans la terre des morts. La flèche fut décochée trois fois et demeura en terre, mais il releva le peuple du Seigneur qui avait été jeté à terre, en ce que le Christ fut couché au tombeau, et donna espérance de résurrection aux corps des saints.