Ephésiens 3, 1-13

L’Eglise, la Vierge Marie, le croyantPaul VI

 

Isaac de l’Etoile

Premier sermon pour le jour de l’Assomption, SC 339, p. 201s

 

        La Vierge Marie, après le Fruit de ses entrailles, occupe à bon droit la première place dans la génération des justes, elle qui a engendré véritablement le premier d’entre eux tous. Oui, il est le premier d’une multitude de frères, lui qui, unique par nature, s’est associé par sa grâce un grand nombre de frères pour qu’ils ne soient qu’un avec lui. Car, à ceux qu’il accueille, il a donné le pouvoir de devenir fils de Dieu. Ceux-ci en eux-mêmes, par leur naissance selon la chair, sont nombreux ; par leur seconde naissance, la naissance divine, ils ne sont, avec lui, qu’un seul. Le seul Christ, unique et total, c’est la tête et le corps.

        Ce corps unique est le Fils d’un seul Dieu dans le ciel, et d’une seule Mère dans le ciel. Comme la tête et les membres sont un seul Fils et plusieurs fils, Marie et l’Eglise sont une seule mère et plusieurs, une seule Vierge et plusieurs. L’une et l’autre est mère, l’une et l’autre vierge. L’une et l’autre, sans trouble charnel, conçoit du même Esprit-Saint ; l’une et l’autre, sans péché, donne une progéniture à Dieu le Père. L’une, hors de tout péché, a mis au monde la tête de ce corps ; l’autre, dans la rémission de tous les péchés, a donné le jour au corps de cette tête. L’une et l’autre est mère du Christ, mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre.

Aussi, c’est à bon droit que, dans les Ecritures divinement inspirées, ce qui est dit universellement de l’Eglise, Vierge-mère, est compris singulièrement de Marie, Vierge-mère ; et ce qui est dit spécialement de Marie, Vierge-mère, est compris généralement de l’Eglise, Vierge-mère. Quand un texte parle de l’une ou de l’autre, son contenu s’applique presque sans distinction à l’une et à l’autre. Chaque âme fidèle, également, peut être reconnue, à sa manière propre, comme épouse du Verbe de Dieu, comme mère, fille et sœur du Christ, comme vierge et féconde.

C’est donc à la fois l’Eglise universellement, Marie spécialement, et encore l’âme fidèle singulièrement que vise la Sagesse même de Dieu qui est le Verbe du Père en disant : J’ai cherché en tous le repos. Partout et en tous est la Sagesse divine ; elle s’étend d’une extrémité à l’autre, du commencement absolu jusqu’à la consommation suprême, et imprime partout ses traces qui permettent de la dépister et de la découvrir. Cependant, c’est seulement dans les âmes portant son image et sa ressemblance qu’elle trouve repos et joie, ou au contraire difficulté et désagrément.