Ephésiens 1, 1-14

Le Dieu de « toute bénédiction »Paul VI

Père Jean-Louis Ska

Etranges visages de Dieu, p. 204s

 

        L’hymne qui introduit la lettre de saint Paul aux Ephésiens est une bénédiction, une forme de prière commune dans l’Ancien Testament et dans la tradition juive, spécialement la liturgie. Il existe une différence entre bénédiction et action de grâce : on rend grâce pour une faveur ou un don reçus ; on bénit quelqu’un pour ce qu’il a fait.

        Si nous bénissons Dieu, c’est parce que Dieu le premier nous a bénis. La bénédiction divine est en relation avec la force de la vie, la victoire contre les ennemis et la capacité de donner la vie. Bénédiction est synonyme de fécondité, de fertilité et de victoire contre les forces du mal et de la mort.

        Bénir Dieu veut dire reconnaître que la vie qui abonde dans notre monde prend sa source en Dieu. Dit simplement, cela signifie voir le donateur du don de la vie. La bénédiction qui introduit la lettre aux Ephésiens se remet dans cette dynamique lorsqu’elle montre que l’abondance de grâce qui nous a été accordée dans le Christ a son origine en Dieu.

        Dans un premier temps, l’hymne décrit les deux grandes bénédictions de Dieu : Dieu nous a prédestinés à devenir ses fils adoptifs. La révélation concerne le mystère de sa volonté, c’est-à-dire dans le langage paulinien, les aspects inouïs et inattendus de l’histoire du salut. Ce plan divin imprévisible était de récapituler dans le Christ tous les êtres, terrestres et célestes : Christ devient salut pour tous les êtres de l’univers. Dit simplement, Christ a un message de salut pour toute l’humanité et pour l’univers entier.

        Le deuxième mouvement précise quels sont les destinataires de ces bénédictions : nous et vous. Nous désigne les Juifs qui ont cru au Christ, vous les païens qui ont suivi leur exemple.

        Cette hymne fournit un bel exemple de méditation sur l’existence chrétienne. Le regard contemplatif part de l’expérience pour remonter vers Dieu, origine de la vie dans sa plénitude. Il lit l’histoire et y découvre un plan divin, plus ancien que la création du monde et qui se conclut avec la fin des temps. L’histoire, notre histoire quotidienne inclue, a un sens, et ce sens nous le découvrons en Jésus Christ et dans son évangile. Rien n’est absurde, banal ou indifférent dans notre vie. L’Evangile donne sens à tout.