1 Samuel 26, 2-25

La générosité de DavidPaul VI

Saint Jean Chrysostome

Troisième homélie sur David et Saül, OC 8, p. 486s

        David est vraiment un homme admirable entre tous. Une telle générosité dans le pardon chez un homme qui vit sous l’ancienne Loi l’emporte de beaucoup sur un acte semblable posé aujourd’hui après la grâce de l’évangile. David n’avait pas entendu la parabole des dix mille talents et des cent deniers ; il n’avait pas entendu la prière du Seigneur et le Pardonnez aux hommes leurs manquements, comme votre Père de cieux le fait pour vous ; il n’avait pas vu le Christ suspendu à la croix ; ni son sang précieux répandu ; il n’avait pas écouté d’innombrables enseignements sur le comportement chrétien ; il n’avait pas participé au sacrifice du Seigneur, ni communié à son sang ; mais formé par des lois moins parfaites et moins exigeantes, il était parvenu d’avance au sommet de la sagesse évangélique.

        Et toi, si facilement irrité, tu gardes de la rancune pour les offenses passées. Toute autre est la conduite de David ; il a des craintes pour son avenir, il sait bien qu’en laissant la vie sauve à son ennemi, toute ville lui sera fermée et la vie très difficile. Cependant, il n’hésite pas à montrer sa sollicitude pour Saül, il fait tout pour protéger son persécuteur. Où trouver une plus grande longanimité dans le malheur ? Nous donc, ne cherchons pas à éviter de souffrir tout mal de nos ennemis, que de ne leur en causer aucun ; ainsi, même si nous avons à supporter des maux innombrables, le Mal ne nous atteindra pas.

        La vertu de David est mise en évidence par les paroles de Saül. S’il fait à David une réponse douce et paisible, attribuons-en la cause à celui qui sait transformer cet homme rude, l’apaiser, rétablir l’harmonie dans son cœur. Que répond donc Saül ? Est-ce bien ta voix, mon fils David ? Quel changement s’est produit subitement ! Il ne pouvait supporter de prononcer le seul nom de David, il détestait sa simple évocation, et voilà qu’il le regarde comme faisant partie de sa famille, il l’appelle son fils !

        Bienheureux David ! D’un homicide, il fait un père, d’un loup une brebis ; la fournaise de colère, il la remplit d’une abondante rosée ; il change la tempête en calme plat, il apaise tout excès de fureur. Au son de cette voix, le cœur de Saül s’est attendri. Y a-t-il plus grand bonheur que celui de David qui, en un instant, transforme ainsi son ennemi ? J’admire David d’avoir fait couler des torrents de larmes dans des yeux secs comme la pierre ! Celui-là triomphe de la nature, celui-ci a vaincu une volonté libre !