2 Samuel 12, 1-25

Solitude dePaul VI l’esprit, un des fruits du silence

Sœur Eliane Poirot

Elie, archétype du moine, p. 59s

         Toutes les sévérités du désert ne sont là que pour amener l’âme à ce silence qui est la condition de la rencontre avec Dieu, à la « vie philosophique », telle que la définit Grégoire de Nazianze. Pour son ami Grégoire de Nysse, « le désert symbolise l’âme desséchée et dépouillée » qui peut recevoir la « gloire du Carmel, c’est-à-dire la grâce de l’Esprit ».

        Ephrem chante le désert qui garde le prophète de ses ennemis et qui lui permet de vivre dans la prière continuelle : Elie se plaisait dans la vallée, car il était sans anxiété.

        Sévère d’Antioche décrit le Carmel comme le lieu où Elie le Thischbite habitait et demeurait sans relations, et dans le silence vivait et s’entretenait avec Dieu seul. La solitude n’est pas une fin en soi, elle favorise la prière. Aphraate associe la virginité d’Elie et d’Elisée à leur séjour au désert, sur les montagnes et dans les grottes.

        La solitude d’Elie n’est pas seulement physique, mais ontologique : C’est dans la solitude qu’était assis Elie, alors que l’ange et les corbeaux lui portaient de quoi vivre, seul non seulement en tant qu’éloigné de la foule, mais en tant qu’ayant un mérite peu commun.

        Aphraate soulève une contradiction. Le Seigneur a dit : Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là parmi eux. Comment alors justifier la prière solitaire ? Si quelqu’un se rassemble au nom du Messie, le Messie demeure en lui, et Dieu demeure dans le Messie. Aphraate illustre cette exégèse à l’aide faits vétérotestamentaires, dont celui de la prière d’Elie, et montre ainsi l’efficacité d’une prière qui jaillit du silence : Elie était seul sur la montagne et sa prière fit preuve de forces étonnantes. Elie, bien que seul, fit excellemment entendu. Par sa vie au désert, Elie a vraiment été un ange dans la chair, comme le dit la liturgie byzantine.

Les Pères insistent sur la vision de Dieu, fruit de cette vie de labeur spirituel dans le désert ; pour eux, le désert et le silence dans la solitude, choisis en vue d’un plus grand amour favorisent la recherche de la pureté du cœur et de l’union à Dieu. A travers l’interprétation patristique du vécu d’Elie au désert, il ressort que le silence est à la fois chemin de guérison, lieu de dépouillement et de manifestations divines. Mais il n’est pas un but en soi. La rencontre de Dieu à l’Horeb ne s’arrête pas à une jouissance théophanique : Elie est envoyé oindre les rois et le prophète Elisée. Se mettre à l’écoute de Dieu renvoie vers les frères.