1 Samuel 28, 3-25

La fin misérable de SaülPaul VI

Bienheureux cardinal John-Henry Newman

Sermon universitaire : l’attachement au sens propre fut le péché de Saül

        En résistant volontairement à la volonté divine, Saül ouvrit la voie aux passions mauvaises qui jusqu’alors avaient fait de lui tout au plus un homme peu sympathique, mais non un pécheur. Sa réserve, son mystère, lorsqu’ils étaient subordonnés à sa magnanimité, avaient même pour effet d’accroître son influence comme chef de son peuple, mais ils finirent par lui déranger l’esprit lorsqu’il leur laissa libre cours en rejetant les vrais principes religieux, et quand l’Esprit de Dieu se retira de lui. La folie suivit la désobéissance. Etant un principe de désordre, la volonté perverse qui avait d’abord résisté à Dieu se tourna contre lui-même : ses sautes d’humeur, ses remords et ses rechutes, était-ce autre chose que les convulsions d’un esprit qui avait perdu la maîtrise de soi ? A la fin, ce cœur fier, qui trouvait dur d’obéir à son Créateur, s’en vint chercher un réconfort dans la caverne d’une pythonisse : essayant, par un moyen, qu’il avait autrefois blâmé, d’obtenir le conseil d’un mort, de ce prophète qu’il avait indignement traité de son vivant.

        Quand on considère cette misérable fin d’une histoire dont les débuts étaient pleins de promesses, il faut remarquer comment l’échec d’un dessein divin y est clairement attribuable à l’homme. Le Tout-Puissant avait choisi un instrument que tous ses dons extérieurs préparaient à remplir son dessein. Quand Dieu crée un agent libre, il se réserve pour lui-même le caractère, les dons, tout enfin, sauf ce qui, en somme, rend les hommes égaux, c’est-à-dire le vouloir. A tous ces égards, Saül était adapté à sa mission. Nul n’était mieux désigné par ses talents et sa conduite pour exercer le pouvoir politique dans son peuple que ce monarque réservé, mystérieux que Dieu lui avait donné ; nul n’était plus capable de frapper de terreur les nations voisines qu’un chef d’armée doué de sang-froid et de décision rapide dans l’action. Mais il trahit sa vocation par son incrédulité : il voulut jouer un rôle personnel, et non le rôle qui lui était assigné dans les décrets du Tout-Puissant.