2 Samuel 6, 1-23

David devant l’ArchePaul VI

Daniel Sibony

Lectures bibliques, p. 273s

        La danse est un symbole majeur et rare du rapport au divin. Il y a une scène où m’amour de l’être est vécu dans la joie et la danse : David ramène à Jérusalem l’Arche de la Loi qui était chez les Philistins. Il danse sur tout le trajet, tout le déplacement de cet Objet du « témoignage », jusqu’à la ville. Il danse seul, entouré par la foule, en musique, avec des bonds et des tourbillons. Sa femme Mikhal, restée chez elle, le reçoit quand la fête est finie, et lui dit : Tu t’es montré nu devant ces femmes du peuple, tu n’as pas respecté ta place de roi, ta dignité. Elle est jalouse, révoltée, mortifiée. Mikhal est la fille du roi précédent, Saül, qui est mort de jalousie. David lui répond : Oui, je me suis réjoui et déchaîné devant l’être-divin, en présence de femmes du peuple, et je le ferai encore. Te texte conclut : Et Mikhal, fille de Saül, n’eut pas d’enfant, de toute sa vie. Elle est donc restée stérile, captive de sa jalousie. N’ont-ils plus fait l’amour depuis ce jour où elle a médit de la danse comme éclatement de joie, élan royal du corps devant les autres et devant la Loi ? Or, l’amour du corps et de sa Loi appelle ce jet physique, cette énergie corporelle. Celle femme n’a pu mettre au monde de la vie. Si pour elle le refus de l’amour s’exprime en refus de la danse, c’est que le « oui » à la danse, improvisée sur le trajet de la Loi, s’inscrit comme un appel d’amour. Amour de l’être, amour de la vie charnelle et des autres présences vives.

        A moins qu’elle n’ait été stérile, comme d’autres femmes dont parle la Bible, mais qui, un jour ou l’autre, connaissent l’ouverture matricielle, le rappel d’être. Comme Anne, la femme aimée et stérile, connue pour sa prière victorieuse quand elle tombe enceinte de Samuel : elle exalte Dieu comme le lieu des renversements : Par lui, l’arc des forts est brisé, ceux qui vivaient dans l’abondance se font mercenaires, et ceux qui souffraient de faim sont délivrés. Il fait mourir et il fait vivre, il fait monter les pauvres de l’abjection et les place auprès des grands. Car ce n’est pas par la force que l’homme triomphe. Le même retournement s’exprime ailleurs : La pierre rejetée par les maçons est devenue la pierre d’angle. Dieu est donc un mouvement incessant : ceux qui, partant d’en bas, sont portés par lui vers le haut, risquent aussi de redescendre, et leurs descendants peut-être de remonter… Dieu se rythme au fil des générations, mais son rythme n’est pas connu. Ce n’est pourtant pas la roue qui tourne…, c’est de l’être qu’il s’agit.