2 Samuel 7, 1-25

La prophétie de NathanPaul VI

 

Père Yves Congar

Le mystère du Temple, p. 45s

        Quand Dieu écarte l’idée que David lui bâtisse un temple, il motive son quasi-refus par le fait qu’il n’a jamais habité de maison depuis le jour où il a fait monter d’Egypte les Israélites, mais était en camp volant sous une tente ou un abri. Peu importait à Dieu qu’il fût ici ou là, il voulait être avec son peuple. C’est pourquoi, le peuple étant errant comme les nomades, il habitait avec eux sous une tente.

        Le sens profond de la tente du désert et de cette présence de Dieu, c’est que Dieu est Dieu unique et souverain, et que, par conséquent, il n’est pas comme les faux dieux et les idoles lié à un lieu particulier. Il est toujours Dieu-qui-a-fait-monter-Israël-du-pays-d’Egypte ; il est donc bien le Dieu vivant qui est avec son peuple, si celui-ci est vraiment son peuple. Dieu est et sera toujours celui qui, à l’endroit décisif du Sinaï, source de la constitution d’Israël en peuple de Dieu, s’est révélé comme : Je serai qui je serai.

        Ce n’est donc pas aux hommes à bâtir un temple à Dieu : Dieu se fait lui-même son temple en habitant, d’une présence qui ne peut être que souverainement active, au milieu de son peuple. Dès lors, quand  Dieu répond à David : Ce n’est pas toi qui me bâtiras une maison, c’est moi qui t’en ferai une, il annonce implicitement, en désignant la descendance de David comme le lieu suprême où sa générosité souveraine s’exercera, que le temple qu’il se fera sera cette maison de David où sa générosité se manifestera si grandement. Le sens messianique du texte se trouve naturellement au terme de son explication la plus obvie : il vise le règne de Dieu lui-même, tel qu’il se réalisera en Jésus Christ. Mais il ne pourrait se dévoiler nettement que progressivement.

        L’annonce faite à David était donc toute tournée vers l’avenir : l’avenir historique de la monarchie en Israël et l’avenir messianique. Elle avait pour âme profonde cette idée que l’habitation de Dieu est essentiellement avec son peuple, dans son peuple. C’est la ligne de vie de tout le propos de Dieu ; sa réalisation s’appellera Jésus-Christ, le Fils de l’homme. Tout ici annonce l’Incarnation par laquelle toute la plénitude de la divinité habitera en Jésus Christ corporellement, l’Eglise n’étant autre que le Corps du Christ.