2 Samuel 15,7-14+24-30+16,5-13

La fuite de DavidPaul VI

Abbé Louis Hégelé

Cahiers de la Pierre-qui-Vire : des Juges aux Rois, p. 161s

         Rien n’est émouvant comme la sortie de Jérusalem, David quitte la ville à pied. Avec lui se trouvent six cents compagnons d’armes prêts à reprendre avec lui le chemin du désert. Il a laissé en ville dix concubines, l’héritage du successeur. L’Arche d’Alliance est demeurée au lieu choisi par le Seigneur. Il ne manque pas d’amis qui viennent lui offrir leurs services, des vivres pour les siens, une mission d’espionnage dans le camp d’Absalom. Le roi se tenait dans le torrent du Cédron, tout le monde pleurait à grands sanglots. Plus loin, nous lisons qu’il gravissait en pleurant la Montée des Oliviers, la tête voilée et les pieds nus. Insensible aux malédictions prononcées par Shiméi.

        David doit reconquérir le royaume, refaire l’unité. Ce faisant, il trace une voie définitive, celle de la pénitence. Il accepte de porter son péché et d’être accablé par les péchés des autres. Il se fait agneau. Et passant par ces mêmes chemins vers les lieux de sa déportation babylonienne, le royaume de Juda pourra lire le sens de son pèlerinage ; Ezéchiel aussi voit la gloire de Dieu sortir du Temple et s’arrêter sur le Mont des Oliviers : La gloire de Dieu sortit de sur le seuil du Temple et s’arrêta sur les chérubins ; les chérubins déployèrent leurs ailes et s’élevèrent de terre à mes yeux, en partant. L’exil révèle au croyant son état de péché. Qu’importe à l’homme de posséder une terre et même d’être roi ! Jésus aura ainsi été précédé par son ancêtre, et par son peuple lui-même, quand quittant la salle du Cénacle, il se rendra au Mont des Oliviers pour entrer dans la possession du Royaume à travers l’humiliation de sa Passion et de sa Mort.

        Ce que dit saint Paul de Jésus, dans sa lettre aux Ephésiens (2,14-17), est déjà vrai, toute proportion gardée, de la pénitence de David qui a réuni Juda et Israël et a rapporté à tous paix et pardon : Il est notre paix, lui qui des deux n’a fait qu’un peuple, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine… pour faire la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix : en sa personne il a tué la haine ? Alors il est parvenu à proclamer la paix.