3 Jean
La crainte de Dieu, le premier don de l’Esprit

Saint Bernard

Sermon sur les sept dons de l’Esprit, OC 7, p. 97s

Le premier don de l’Esprit est la crainte du Seigneur. Qui le possède déteste toute iniquité, selon cette parole du prophète : J‘ai eu leur péché en horreur et l’ai exécré, ou encore : J’ai détesté toute voie d’iniquité, ainsi que dans le livre des Proverbes : La crainte du Seigneur hait le mal. Job est appelé un homme craignant Dieu et s’éloignant du mal. Sans cette grâce, la première des grâces et le principe de toute religion, aucun bien ne peut se produire ou se développer. De même, en effet, que la sécurité ou la paresse sont la cause et la source de tous les manquements, de même la crainte du Seigneur est la gardienne de tous les biens. Aussi, l’Ecriture dit-elle : Si vous ne vous maintenez constamment dans la crainte du Seigneur, votre maison sera promptement renversée. Tout l’édifice des vertus, s’il vient à perdre le soutien de ce don, tombe de suite en ruine. Ainsi Salomon s’écrit-il : Vivez chaque jour dans la crainte du Seigneur, parce que vous aurez l’espérance au dernier jour, et votre attente ne sera pas déçue. De là vient aussi que l’apôtre s’écrie : Opérez votre salut avec crainte et tremblement. Pourquoi multiplier les citations ? Religion et crainte sont choses corrélatives, et l’une ne peut demeurer sans l’autre ; ainsi Corneille était un homme religieux et craignant Dieu, et Siméon était un homme juste et pieux. Et Salomon donne cette leçon : Craignez le Seigneur et gardez ses commandements. Nous devons avoir en nous ce sentiment de la même manière dont Job assure qu’il l’éprouve : Il craignit toujours Dieu comme des flots qui se précipitent sur lui. Sous l’empire de cette crainte de Dieu, nous abandonnons tout, nous renonçons au monde, et, ainsi que le Seigneur l’a dit, nous nous séparons même de nous : Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce lui-même. Cette crainte divine rend, soumis à la pauvreté, celui qu’elle pénètre parfaitement et elle l’éloigne du mal. Elle est au premier rang parmi les grâces comme la pauvreté dans la série des Béatitudes ; c’est de cette pauvreté que le Seigneur a dit, el la plaçant comme le fondement des autres vertus : Bienheureux les pauvres en esprit, le royaume des cieux leur appartient.