Josué 3,1-17 + 5,10-12

Le passage du JourdainPaul VI

Père Georges Auzou

Le don d’une conquête, étude du livre de Josué, p. 70s

        Dans le récit du passage du Jourdain par le peuple, l’attention est portée sur l’Arche d’Alliance. L’Arche est le signe de la présence de Dieu ; aussi la traversée du Jourdain sera, par conséquent, considérée avant tout comme le passage de Dieu qui conduit son peuple, et de ce peuple qui entoure son Dieu.

        Ce récit est, en beaucoup de points, comparable à celui du passage de la Mer Rouge : Dieu a fait passer le Jourdain aux fils d’Israël, cet événement a été une manifestation de la puissance divine, une révélation de la volonté de Dieu conduisant son peuple au destin qu’il lui a préparé. Regard de foi qui permet au récit de faire apparaître avant tout sa signification fondamentale exprimée ainsi : En ceci, vous connaîtrez que Dieu vivant est au milieu de vous.

        L’événement étant vu de cette manière, on s’explique comment l’écrivain biblique ait pu donner à la traversée du Jourdain l’allure d’une procession liturgique : les prêtres porteurs de l’Arche avancent en tête et le peuple sanctifié, c’est-à-dire mis en état d’approcher Dieu et de participer au service sacré, marche à une certaine distance, distance rituelle symbolisant la séparation irréductible entre les hommes et le Dieu saint.

        La traversée du Jourdain a été comprise comme une action prodigieuse, et décrite comme telle. On peut joindre à ce phénomène extraordinaire le Cantique de Débora et le psaume 114 relatant la sortie d’Egypte. Ces chants d’allure épique doivent nous inviter à reconnaître en ce récit du passage du Jourdain un certain mode d’épopée religieuse en prose. Israël a conservé la conviction, que l’historien n’est pas en droit de contester mais aussi la certitude du caractère merveilleux, en ce sens miraculeux, du passage du Jourdain.

        Le passage du Jourdain, à l’instar de la traversée de la Mer Rouge avec Moïse, a été retenu par la tradition comme un symbole. Passage du désert, lieu d’épreuve et de péril, au pays fertile, élu et béni de Dieu. Il signifie le passage de la condition de condamnation à une condition de grâce, et donc en quelque sorte de la mort à la vie, du péché à Dieu. Ainsi cette traversée du fleuve, tout comme le miracle de la Mer Rouge, est devenu le symbole du Baptême chrétien.