1 Jean 4, 1-10

Homélie pour la canonisation des martyrs de l’Ouganda

Saint Paul VI

Documents pontificaux de Paul VI, tome 2, Année 1964, p. 842

        Ces hommes vêtus de blanc, qui sont-ils ? D’où sont-ils venus ? Ce texte biblique, tiré de l’Apocalypse (7,13), nous vient à l’esprit au moment où nous inscrivons au nombre des saints qui triomphent au ciel ces vingt-deux fils de l’Afrique dont, dès le 6 juin 1920, notre vénéré prédécesseur, Benoît XV, reconnut les mérites singuliers en les déclarant bienheureux et en permettant ainsi qu’ils fussent honorés d’un culte spécial.

        Qui sont-ils ? Des africains, d’authentiques africains par leur couleur, leur race et leur culture, des représentants qualifiés de ces populations bantoues et nilotiques au passé légendaire. Oui, ce sont des africains, mais aussi des martyrs. Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation. Ils ont lavés robe et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. Ainsi sont-ils devant le trône de Dieu.

        Chaque fois que nous prononçons le mot de martyre, au sens qu’il a pris dans l’hagiographie chrétienne, nous devrions nous représenter un drame horrible et admirable : horrible, à cause de l’injustice qui le déchaîne avec les armes du pouvoir et de la cruauté ; horrible encore par le sang qui coule, par les tortures de la chair qui souffre et par la mort impitoyablement infligée ; admirable, à cause de l’innocence qui, sans user de la force physique pour se défendre, se soumet doucement au supplice, joyeuse et fière d’attester la vérité invincible d’une foi qui s’est fondue avec la vie humaine. Mais la vie meurt, la foi vit. La force matérielle contre la force morale : celle-là trouve dans son succès sa propre défaite, et celle-ci, dans l’écrasement, triomphe.

        C’est un drame que le martyre : un drame épouvantable, mais riche d’enseignements. La violence injuste et méchante, qui le fit naître, tombe quasiment dans l’oubli, tandis, que dans la mémoire des siècles, subsiste, avec tout son éclat et son attrait, la douceur qui fit, de l’offrande de soi, un sacrifice, un holocauste, un acte suprême d’amour et de fidélité envers le Christ, un exemple et un témoignage d’amour et de fidélité envers le Christ, un exemple et un témoignage en perpétuel message à l’adresse de contemporains.