Juges 7, 1-8+16-22

Les qualités du combattantPaul VI

Origène

Homélie 9 sur les Juges, n° 1-2

        Une multitude immense s’était rassemblée contre Israël. On aurait dit une invasion de sauterelles. Et leurs chameaux, dit l’Ecriture, étaient innombrables, tels les grains de sable sur le rivage de la mer. Comment pourrait-on vaincre une armée ennemie si considérable ? Examinons-le. Des fils d’Israël, trente-deux mille guerriers, selon le texte, sortirent avec Gédéon pour combattre ces ennemis innombrables.

        Mais Dieu s’adressa à Gédéon : Tes compagnons, dit-il, sont extrêmement nombreux. Eh quoi ! Est-ce un désavantage d’être nombreux ? Dans une guerre, une armée très nombreuse n’offre-t-elle pas plus de sécurité ? Pas du tout, dit Dieu, car il ne s’agit pas là d’un combat humain. Les batailles divines ne se livrent pas comme les humaines. L’œuvre de la puissance d’en-haut n’est pas claire, si elle s’appuie sur des moyens humains, et le salut d’un roi n’est pas dans l’importance de sa force. De peur qu’Israël ne s’enorgueillisse et ne s’arroge avec présomption une partie de la victoire. Dieu déclare donc à Gédéon : Tes compagnons sont trop nombreux. Proclame ceci au peuple : Celui qui a peur et tremble, qu’il fasse demi-tour ! Vingt-deux mille hommes de la troupe s’en retournèrent du mont Galaad. Il en resta dix mille.

Ce que Gédéon dit au peuple, dirons-nous que c’était bon autrefois seulement : Celui qui a peur et tremble, qu’il s’en aille, qu’il délaisse la guerre, qu’il abandonne le combat des hommes forts ! Aujourd’hui encore, le chef de notre armée, le Seigneur et Sauveur Jésus-Christ lance à ses soldats : Celui qui a peur et tremble, qu’il ne vienne pas à mes combats ! C’est, en effet, ce que signifient, sous d’autres mots, bien des phrases de l’Evangile : Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, n’est pas digne de moi. Celui qui préfère son père, sa mère, ses frères, ses sœurs, et même sa propre vie, n’est pas digne de moi. Celui qui ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut pas être mon disciple. Dans ces paroles, le Christ ne met-il pas à part de façon évidente, n’exclut-il pas de son armée ceux qui ont peur et tremblent ?