Apocalypse 10, 1-11

Le petit livre ouvert

Père André Feuillet

Etudes johanniques, p. 229s

        Un ange descend du ciel enveloppé d’une nuée, la tête surmonté d’un arc-en-ciel. Tenant en main un petit livre, il pose le pied droit sur la mer, le gauche sur la terre. Le voyant se voit alors commander de prendre dans la main de l’ange ce petit livre et de le manger. A la différence du livre scellé aux sept sceaux dont il a été parlé au chapitre 5, ici le livre est ouvert, et il est petit. Si le livre est petit, on peut y voir une perspective élargie : on peut voir là une hypothèse de lecture intéressante.

        A la différence  du livre aux sept sceaux, ce nouveau livre est présenté au voyant, non point scellé, mais ouvert. Le grand livre scellé est lié à un contexte très juif ; il concerne avant tout les destinées du peuple choisi, sans que d’ailleurs soit oubliée l’humanité entière, qui religieusement dépend d’Israël. Ce livre représente donc les écrits de l’Ancien Testament, et en particulier les oracles prophétiques, écrits énigmatiques, regardant principalement Israël, dont seul le Christ peut donner la clé : en Marc et Matthieu, il arrive que Jésus soit l’interprète de Daniel, en Luc Jésus explique ou même ouvre les Ecritures, et Paul nous dit que c’est dans le Christ seulement qu’est enlevé le voile qui recouvre les anciennes Ecritures.

        Au contraire, le petit livre, au contenu essentiellement universaliste, paraît représenter le message même de Jésus, moins étendu certes que celui de l’Ancien Testament, mais beaucoup plus clair, et que saint Paul, nous l’avons dit, caractérise comme étant une prédication sans voile. Si l’ange qui l’apporte est enveloppé d’une nuée, comme le Fils de l’homme de Daniel ou des Synoptiques, trait qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans les angélophanies scripturaires, ne serait-ce pas pour marquer qu’il est au service de Jésus-Christ, Fils de l’homme ?