Apocalypse 18, 1-20

Lamentations sur les ruines de Babylone

Père Joseph Bonsirven

L’apocalypse de saint Jean, p. 272s

        Une voix, venant du ciel et qui paraît être celle du Christ, adresse aux habitants de Babylone un avertissement urgent : sortez de la ville pour éviter la contagion de ses péchés et échapper ainsi à la punition, imminente, de ses crimes. Jésus, dans le discours eschatologique, invitait pareillement à fuir ; les apôtres répétèrent cette monition, ils invitaient à se séparer d’un monde pervers et corrupteur, sans toutefois se condamner à sortir de ce monde, à user de ce monde sans en abuser. C’est ainsi que saint Augustin entend ce précepte prophétique qui est de sortir de ce siècle par la foi et le progrès en Dieu.

        La voix continue, s’adressant aux anges des châtiments, leur prescrivant des peines à infliger selon la règle du talion. Tout cela pour punir Babylone de son insolence et de sa suffisance : sa confiance dans l’avenir ne tenait pas compte des justices divines. Aussi, en un seul jour, tout à la fois, fondront sur elle les maux contre lesquels elle se croit garantie : mort, deuil, famine, incendie, car puissant et irrésistible est le Seigneur son juge.

        Suivent trois lamentations que l’on trouve souvent dans les écrits bibliques, surtout chez les prophètes. Ces lamentations  supposent que la ville incendiée est encore enveloppée de fumée. Faut-il songer à l’incendie de Rome par Néron ?

        Brusquement, les lamentations font place à un cri de joie : Ciel ! Réjouis-toi de sa ruine. Et vous aussi les saints, les apôtres et les prophètes, car Dieu en la jugeant, vous a fait justice. Comme en plusieurs passages de l’Ancien Testament, les cieux sont engagés à se réjouir, surtout leurs habitants ; aussi sont conviés à partager cette allégresse : les saints, les chrétiens, les apôtres, tous ceux qui ont porté témoignage à Jésus, les prophètes, plus probablement ceux du Nouveau Testament. Ce n’est pas la ruine de Rome qui doit les remplir d’allégresse, mais le sens de la justice divine rétablie : suivant une expression biblique, Dieu a jugé leur cause.