Jean 8, 1-11

« Va, et désormais ne pèche plus »

Ludolphe le Chartreux

La grande vie de Jésus Christ, tome 4, p. 123s

Ils restèrent seuls, debout, le Seigneur toute miséricorde et la femme toute misère. La femme, saisie de terreur, pouvait redouter que, celui-ci, du moins, qui était sans péché, ne la châtia. Jésus lui dit : Femme, où sont tes accusateurs ? Est-ce que personne ne t’a condamnée ? Elle lui répondit : Personne, Seigneur, ne m’a condamnée ; personne ne m’a jeté la pierre, c’est vrai ; mais toi qui es sans péché, tu peux me pardonner, si tu le veux ! Car à tes yeux seuls je suis coupable. Devant sa confiance, Jésus fit descendre son pardon : Moi non plus, je ne te condamnerai pas. Moi, dont tu as peut-être redouté la condamnation, parce que tu n’as découvert en moi aucun péché. Rien d’étonnant à cela, car je suis venu sauver les pécheurs, non pas les condamner. Ne crains point, rassure-toi, crois seulement à mes conseils : je ne rejette pas les pécheurs, mais j’accueille leur pénitence. En d’autres termes : eux t’ont laissée sans te condamner, en raison de leurs propres péchés ; moi, je te pardonne en vertu de ma miséricorde. Va, et désormais ne pèche plus.

Jésus-Christ condamne ici le péché, mais non le pécheur. Si nous aimons sa miséricorde, apprenons aussi à craindre sa justice. Dieu est tout à la fois juste et bon ; lui seul a le droit de punir et de pardonner, mais, soit qu’il pardonne, soit qu’il punisse, il est toujours juste et miséricordieux. Quoique ces deux grands attributs soient inhérents à sa nature divine, il préfère la miséricorde à la justice, car, dans l’exercice de la première, il agit d’après sa seule volonté, tandis que, dans l’exercice de la seconde, il a pour ainsi dire besoin du concours de nos actions bonnes ou mauvaises qui méritent d’être ou récompensées, ou punies.

Rappelons souvent à notre mémoire cette femme pécheresse et la sentence que le Sauveur prononça sur elle. Il s’incline vers la terre parce qu’il craignait, en la regardant, de lui inspirer une trop grande confusion ; il écrit sur le sable pour montrer que ses accusateurs n’étaient que des hommes charnels. C’est pourquoi, il leur dit : Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. O bonté ineffable de notre Divin Maître ! Il absout, dans sa miséricorde, celle qu’il aurait pu condamner avec justice. Représentons-nous Jésus lorsque tous les scribes et les pharisiens furent sortis du Temple, jetant un regard de tendresse et de compassion sur cette malheureuse accusée, et d’une voix douce lui disant : Personne ne t’a condamnée ! Eh bien ! Moi non plus je ne te condamne pas.