Deutéronome 16, 1-17

Dans le monde futur, nous célèbrerons encore les fêtes de Dieu

Origène

Homélie 23 sur le livre des Nombres, n° 11, SC 461, p. 141s

        Nous avons vu ce qui concerne les fêtes de Dieu dans le temps présent ; veux-tu maintenant contempler la célébration de ces fêtes dans le monde futur ? Si tu en es capable, élève un peu tes pensées au-dessus de la terre, et, pendant quelque temps, oublie les choses qui se voient. Représente-toi comment passent le ciel et la terre ; de fait, l’aspect de ce monde est en train de disparaître, un ciel nouveau et une terre nouvelle vont s’établir. Bannis de tes regards jusqu’à la lumière de notre soleil et donne au monde à venir une lumière sept fois plus brillante que les astres. Ou plutôt, pour suivre l’enseignement de l’Ecriture, donne-lui comme lumière le Seigneur lui-même. Vois les anges de gloire se tenir en sa présence, avec les Vertus, les Puissances, les Trônes, les Seigneuries et toutes les espèces de resplendissantes Puissances célestes, non seulement  celles que nous nommons dans le siècle présent, mais toutes celles qui se révèleront dans le monde futur. Au milieu d’elles, contemple et imagine les fêtes du Seigneur, l’immensité de la jubilation, de la joie, de l’allégresse.

        Car ici-bas, si grandes et si authentiques que soient les fêtes spirituelles, surtout quand elles sont vraiment célébrées intérieurement dans l’âme, elles restent cependant toujours partielles, jamais totales. L’apôtre a bien dit que notre connaissance et nos prophéties étaient partielles en ce monde. Il s’ensuit évidement que notre célébration des fêtes est, elle aussi limitée. Nous sommes, malgré nous, importunés par la pesanteur de la chair, agités par ses désirs, rongés par les soins et les tracas qu’elle nécessite. Ce corps corruptible, dit très bien le Sage, appesantit l’âme et accable l’esprit aux pensées multiples. En ce monde, les saints ne peuvent donc célébrer les fêtes que partiellement parce que les divers besoins de la vie présente interrompent la continuité de la fête divine.

        Mais quand viendra ce qui est prédit pour ceux qui seront rétablis dans leur sainteté première, alors il n’y aura plus ni faim, ni soif, ni sommeil, ni labeur ; tous resteront désormais en éveil, comme les anges qui vivent, dit l’Ecriture, toujours vigilants. Alors, oui, ce sera la fête véritable et sans fin. Celui qui la présidera, c’et l’Epoux, le Roi, Jésus-Christ, notre Sauveur, à qui sont gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen.