Deutéronome 24,1 – 25,4

L’union de l’homme et de la femme

Tertullien

A sa femme, Œuvres Complètes, p. 1022s

         L’union de l’homme et de la femme a été bénie par Dieu, comme la pépinière du genre humain, imaginée et permise pour peupler l’univers et remplir le siècle, pourvu toutefois qu’elle demeure unique, Adam étant le seul mari d’Eve ; Eve fut la seule femme d’Adam, parce que Dieu l’avait tirée de sa côte. Sans doute les anciens et les patriarches eux-mêmes épousaient plusieurs femmes et avaient en outre des concubines. Mais sans répondre ici que la synagogue était la figure de l’Eglise, et nous bornant à une interprétation plus simple, il fut nécessaire d’établir bien des choses qui devaient être retranchées ou réformées dans la suite des temps. Car la Loi mosaïque était attendue : il faillait marcher à son accomplissement à travers les ombres et les imperfections. A la Loi mosaïque devait succéder le Verbe de Dieu, qui introduirait la circoncision spirituelle. Ce n’étaient donc là que des institutions provisoires, autorisées alors par la condescendance de Dieu ; mais qui, appelant une réforme postérieure, ont été retranchées comme superflues ou coordonnées entre elles, soit par le Seigneur, dans son Evangile, soit par l’Apôtre à la fin des temps.

        Mais de la liberté accordée aux pères, des restrictions imposées aux enfants, conclurai-je que le Christ est venu séparer les époux et détruire l’union conjugale, apportant ainsi une prescription contre le mariage ? Loin de moi cette pensée ; je l’abandonne à ceux qui, entre autres erreurs, prétendent qu’il faut séparer ceux qui ne sont plus une seule et même chair, et par là donnent un démenti à celui qui, ayant emprunté à l’homme de quoi créer la femme, a réuni et confondu dans les liens du mariage deux corps formés de la même substance. D’ailleurs, nous ne lisons nulle part que le mariage est interdit, puisqu’il est bon en soi-même. Seulement l’apôtre nous apprend qu’il existe quelque chose de meilleur que ce bien ; car, s’il permet le mariage, il lui préfère la continence, celui-ci à cause des pièges de la tentation, celle-là par rapport à la brièveté des temps. A qui interroge sur les motifs de cette déclaration, il devient bientôt évident que le mariage ne nous a été permis qu’en vertu de la nécessité. Or, la nécessité déprécie ce qu’elle autorise.