Deutéronome 12, 1-14

La prière liturgique

Père Roland de Vaux

Les Institutions de l’Ancien Testament, p. 349

        Prier, c’est parler à Dieu ; la prière, qui établit une relation personnelle entre Dieu et l’homme, est l’acte fondamental de la religion. Il est certain que, comme dans toutes les religions, les actions cultuelles étaient accompagnées de paroles. La Bible a conservé des formules de bénédictions et de malédictions, des formules de l’offrande des prémices et de la dîme, et bien d’autres.

        Le sacrifice, qui est l’acte central du culte et qui est, lui-même, une prière en actions, était accompagné de prières ; et ces prières étaient souvent accompagnées de cantiques soutenus par des instruments. La prière publique prend naturellement une forme rythmée et chantée. Le chant liturgique apparaît dès que s’organisent le culte et le sacerdoce d’un sanctuaire public ; le Temple de Salomon avait déjà ses chantres. Ces chants ont grandi en importance et en dignité après l’exil, et l’on sait l’intérêt que le Chroniste porte à la musique liturgique.

        Le livre de chants, le livre de prière du second Temple, est le Psautier. Les attaches du psautier avec le culte sont évidentes : certains psaumes se réfèrent à un rite qui s’accomplissait lors des sacrifices, d’autres parlent du Temple où ils étaient chantés ; les Cantiques des Montées étaient des chants de pèlerinage.

        Par ailleurs, la distinction entre prière individuelle et prière collective, entre prière privée et prière liturgique reste imprécise en bien des cas.

        La prière est aussi une intercession, le médiateur étant le saint personnage ou la personne consacrée qui prononce la prière au nom du peuple ou du fidèle. La prière de l’Ancien Testament s’adresse directement à Dieu, sans aucun intermédiaire céleste. C’est seulement avec le développement de l’angélologie, après l’exil, que la notion d’anges intercesseurs apparaît : dans le livre de Tobie, Raphaël dit à Tobit : Lorsque tu étais en prière, toi et Sarra, c’était moi qui présentais vos suppliques devant la Gloire du Seigneur et qui les lisais. Cette doctrine s’est affirmée dans les livres apocryphes du Judaïsme et a été reprise dans le Nouveau Testament ; l’intercession des saints ne paraît que dans l’Apocalypse (8,3-4) : Un autre ange vint se placer près de l’autel ; il offrit, sur l’autel, des parfums avec les prières de tous les saints. De la main de l’ange, la fumée des parfums monta devant Dieu, avec la prière des saints.