Luc 2,41-51

Le mariage de Marie et de Joseph

Saint Augustin

Contre Julien, livre V, chapitre 12, OC 31, p. 362s

        Les trois biens qui, selon moi, appartiennent au mariage se trouvent accomplis dans le mariage de Marie et de Joseph, à savoir : la fidélité des époux, en ce qu’il n’y a point eu d’adultère, les enfants, en la personne de Jésus-Christ, et le sacrement, en ce qu’il n’y a point eu divorce. Ces trois biens qui appartiennent au mariage étaient parfaitement accomplis dans l’union des parents de Jésus-Christ.

        Saint Joseph, selon toi, Julien, et selon l’opinion de tous d’après toi, était l’époux de Marie. Tu voudrais me faire entendre que c’est selon cette opinion, et non selon la vérité, que l’Ecriture a appelé la Vierge Marie l’épouse de Joseph. Quand nous croirions que, lorsque que l’évangéliste a rapporté ses propres paroles ou celles d’un autre, il a parlé selon l’opinion des hommes et non selon la vérité, l’Ange parlant seul à Joseph aurait-il aussi, contre sa conscience et celle de celui à qui il s’adressait, parlé selon l’opinion de tous et non selon la vérité, lorsqu’il dit à Joseph : Ne crains pas de prendre Marie pour épouse. Ensuite qu’était-il besoin de conduire la généalogie de Jésus-Christ jusqu’à Joseph, sinon pour exprimer avec vérité la prééminence du sexe viril dans le mariage ? Si l’évangéliste saint Luc a dit du Seigneur : Etant, comme l’on croyait, fils de Joseph, c’est parce que les hommes le croyait issu de Joseph selon la chair, et il a voulu détruire cette fausse opinion, sans nier, contre le témoignage de l’ange, que Marie ne fût l’épouse de Joseph.

        Marie a été appelée l’épouse de Joseph en vertu de la foi qu’ils s’étaient jurée en s’unissant. Or, cette foi est toujours restée inviolable. En effet, après qu’il eut reconnu que cette Vierge sainte était devenue féconde d’une manière toute divine, Joseph ne pensa point à chercher une autre femme ; il ne crut pas cependant que le lien de la foi conjugale dût être rompu, parce qu’il devait s’abstenir de tout commerce conjugal. Du reste, pense de ce mariage tout ce qu’il te plaira, mais ne me fait pas dire, comme toi et les tiens m’en accusent faussement, que le mariage de nos premiers parents avait été institué sans la nécessité de l’union des deux sexes. Mais, dans le paradis, avant le péché, la chair avait-elle des désirs contraires à ceux de l’esprit ? Cela n’a-t-il pas lieu maintenant dans l’état du mariage, lorsque la pudeur conjugale arrête les excès de la concupiscence ? L’homme vient-il au monde autrement que par la régénération ?