Genèse 28, 10-22

Que dit saint Benoît ?

Cardinal Basile Hume

Eloge de saint Benoît, p. 130s

        Que dire de la Règle de saint Benoît ? Deux faits méritent d’être notés : d’abord que saint Benoît a rédigé sa Règle à partir de sources très diverses. La réussite de Benoît fur de donner naissance une Règle à la fois sensée, humaine, et néanmoins difficile. « La discrétion », la façon délicate de traiter les personnes différentes, apparaît de façon significative dans cette directive adressée à l’Abbé : Dans la correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu’en voulant trop racler la rouille, il ne brise le vase. La Règle de saint Benoît contient des conseils sur la façon d’être un bon supérieur, conseils qui sont tout aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a plus de 1500 ans.

        Le second fait à prendre en compte est qu’au temps de saint Benoît, et pendant au moins deux à trois cents ans après sa mort, les monastères avaient tendance à utiliser des règles différentes ou à choisir la leur à partir de plusieurs autres. La Règle de saint Benoît ne devint normative que progressivement.

        Qu’est-ce qui est plus précieux que tout chez saint Benoît ? Je suis convaincu que c’est la spiritualité qu’enseigne sa Règle. Les principes de la vie spirituelle sont en eux-mêmes intemporels, mais trouvent leur expression dans la vie quotidienne, dans la pratique, sous diverses formes. Voilà un point capital. Saint Benoît doit guider ceux qui sont désireux de vivre leur vie chrétienne d’une manière plus radicale que celle qu’ils considéraient autrement comme possible. Permettez-moi de faire une remarque importante pour éviter tout malentendu. Les moines ont leur façon de suivre le Christ ; d’autres ont le leur. C’est uniquement une question de vocation, de ce à quoi Dieu appelle chacun de nous à être et à faire. La sainteté est pour tous, non pour une élite, et nous sommes tous appelés à la sainteté, qui est une amitié avec Dieu et une obéissance à sa volonté. Saint Benoît était un maître spirituel.

        Les deux devoirs fondamentaux du moine, selon saint Benoît, sont de chercher Dieu et de l’adorer. Le dis que ce sont les devoirs fondamentaux du moine, mais, en fait, ce sont aussi les devoirs fondamentaux de tout chrétien. Je voudrais aller plus loin en disant qu’aucune vie humaine n’est ce qu’elle devrait être si Dieu ne fait pas partie intégrante de cette vie. Il manque quelque chose, dans la vie de chacun d’entre nous, si nous ne sommes pas, d’une manière ou d’une autre, à la recherche de Dieu qui nous conduit à nous faire découvrir qui il est et ce que nous sommes.