Romains 16, 1-27

« Saluez-vous les uns les autres d’un saint baiser »

Ysabel de Andia

La voix et le voyageur, p. 687s

       L’amour est pure grâce. Il n’a aucune autre raison que lui-même. « La rose est sans pourquoi, n’a souci d’elle-même, ne désire être vue », disait Angelus Silesius. C’est pourquoi l’amour est toujours reçu dans l’émerveillement, comme quelque chose de fragile et d’immérité. Et pourtant, la puissance de l’amour est une force qui pousse ceux qui s’aiment à s’unir, et seul l’amour de Dieu peut transformer l’homme, le « diviniser ».

       « L’amour est sans mesure, sa mesure est d’être sans mesure », disait saint Bernard. Il n’y a pas de limite à l’amour, il n’y a pas de frein à l’amour lorsqu’il se porte vers Dieu. Et le mouvement de la charité est infini : « Le christianisme a mis l’infini partout », disait Péguy.

       L’amour se comprend par l’amour. « Seul celui qui aime peut comprendre ce que je dis de Dieu », disait Augustin. Qui n’a pas connu l’amour, n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Qui n’aime pas demeure dans la mort. L’homme est fait pour l’amour, et seul l’amour de Dieu peut combler son cœur assoiffé d’un amour fidèle : « Notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi », disait Augustin dans les Confessions.

       L’amour seul demeure. Sans amour, tout ce que nous faisons n’a pas de valeur, nous ne sommes, dit saint Paul dans son Hymne à la charité, que des cymbales retentissantes. Et cet avertissement de saint Paul nous montre que ce n’est pas le bruit que font nos actes et nos paroles qui comptent, mais le pondus amoris qui donne au moindre geste son poids d’éternité. L’amour est le chant de notre vie et ce qu’il en restera.

       L’amour est libre et gratuit : On ne peut acheter l’amour, l’amour est plus fort que la mort, dit le Cantique des cantiques.

       L’amour est plus qu’un art humain, « l’art d’aimer » d’Ovide. Il est une science divine, la science mystique de Jean de la Croix. L’amour est une échelle qui nous élève de la terre au ciel, l’Echelle sainte de Jean Climaque.

       Le plus grand amour, c’est de donner sa vie pour ceux qu’on aime, et il n’y a pas d’amour sans Croix. C’est la Croix qui atteste et vérifie l’amour, sinon c’est une passion où l’on ne cherche que le plaisir et la jouissance, alors que l’amour est avant toutes choses don. « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même », disait Thérèse de l’Enfant-Jésus. C’est la Croix qui nous fait sortir de nous-mêmes dans l’extase de l’amour et l’ultime extase est la mort par amour.