Jean 2, 1-11

Marie, Miroir du Soleil de Justice

Sainte Elisabeth de la Trinité

La dévotion d’Elisabeth de la Trinité envers la Vierge, VS 1928, p. 243s

       Si tu savais le don de Dieu ! Il est une créature qui connut ce don de Dieu, qui n’en perdit pas une parcelle, une créature qui fut si pure, si lumineuse qu’elle semble être la lumière elle-même, le Miroir du Soleil de Justice, une créature dont la vie fut si simple, si perdue en Dieu, que l’on ne peut presque rien en dire ! C’est la Vierge fidèle, celle qui gardait toutes choses en son cœur. Elle se tenait si petite, si recueillie en face de Dieu, dans le secret du temple, qu’elle attira les complaisances de la Trinité Sainte.

       Marie, son âme est si simple, les mouvements en sont si profonds que l’on ne peut les surprendre ; elle semble reproduire sur la terre cette vie qui est celle de l’Être divin. Aussi est-elle si transparente, si lumineuse qu’on la prendrait pour la lumière. Pourtant elle n’est que Miroir du Soleil de justice. Plus qu’aucune autre sainte, elle me semblait imitable, sa vie était si simple !

       Rien qu’à la regarder, je me sens apaisée.

       La Vierge conservait ces choses en son cœur. Toute son histoire peut se résumer en ces quelques mots ; c’est en son cœur qu’elle vécut, et en une telle profondeur que le regard humain ne peut la suivre.

       Quand je lis dans l’évangile que Marie parcourut en toute hâte les montagnes de Judée pour aller remplir son office de charité près de sa cousine Elisabeth, je la vois passer belle, calme, majestueuse, recueillie en dedans avec le Verbe de Dieu ! Comme lui, sa prière fut toujours celle-ci : Ecce ! Me voici ! – Qui ? – La servante du Seigneur, la dernière de ses créatures, elle, sa Mère !

       Il me semble que l’on peut dire que nul n’a pénétré le mystère du Christ en sa profondeur, si ce n’est la Vierge. Saint Paul parle souvent de l’intelligence qui lui en a été donnée, et pourtant comme tous les saints restent dans l’ombre quand on regarde aux clartés de la Vierge ! Elle, c’est l’inénarrable ! Le secret qu’elle gardait et repassait dans son cœur, nulle langue n’a pu le révéler, nulle plume n’a pu le traduire. Cette Mère de grâce va former mon âme, afin que sa petite enfant soit une image vivante, saisissante de son premier né, le Fils de l’Eternel, celui-là qui fut la parfaite louange de son Père.