Luc 56, 1-11

L’appel de Simon-Pierre

Pères Philippe Bossuyt et Jean Radermakers

Jésus, Parole de la Grâce selon saint Luc, p. 181s

       Simon-Pierre se trouve au centre du récit de la pêche, comme figure d’Israël qui affronte la Parole et qui est appelé à témoigner d’elle. Jésus le révèle à lui-même pécheur, et tout ensemble prononce sur lui la bénédiction de sa vie : Sois sans crainte, dès maintenant tu seras capturant sans cesse des hommes.

       Cette bénédiction chemine tout au long du récit à travers les gestes et les paroles de plus en plus explicites de Jésus. Un rabbi, harcelé par la foule, monte dans la barque de Simon. Le patron-pêcheur n’est pas insensible à l’honneur qui lui est fait. Cet accord tacite va servir de point de départ. En même temps que se resserre sa proximité avec Simon, Jésus a pris de la distance par rapport à la foule massée sur le rivage et qu’il enseigne depuis la barque de Simon.

       Avec l’invitation de Jésus d’avancer en eau profonde et l’ordre de jeter les filets, un nouveau seuil est franchi. C’est une seconde bénédiction offerte gracieusement, mais plus difficile à reconnaître que la première. Le coup de filet prodigieux est signé : seul Dieu comble avec une telle profusion ! La fièvre de la manœuvre passée, Simon-Pierre tombe aux genoux de Jésus en disant : Retire-toi de moi, car je suis un pêcheur. Simon et ses compagnons sont saisis d’une frayeur sacrée, en réalisant la distance qui le sépare, lui pécheur, du Seigneur qui commande à l’abîme ; aussi lui demande-t-il de s’en aller. Pour dépasser un tel effroi, il n’y a pour Simon que l’obéissance à son Seigneur et sa mise en disponibilité à sa suite.

       Alors vient le dernier mot, celui de Dieu qui donne à l’homme d’accueillir Dieu dans sa vie, celui que les envoyés célestes adressaient à Zacharie, à Marie, aux Bergers : Ne crains pas ! C’est l’indicatif divin : Simon ne s’est pas trompé en reconnaissant son Seigneur. Sois sans crainte, désormais… ; dès maintenant une nouvelle histoire commence, Jésus prend Simon dans son histoire : désormais ce sont des hommes que tu prendras. Que signifie cette nouvelle bénédiction ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle est mission englobant l’avenir, et le verbe utilisé ici prendre signale qu’il faudra arracher les hommes à l’emprise de la mort, comme le symbolisent les nombreux poissons tirés de l’abîme.