Luc 4, 21-30

« N’est-ce pas le fils du charpentier ? »

Saint Syméon le Nouveau Théologien

Catéchèse, tome III, SC 113, p. 165s

       Frères, beaucoup ne cessent de dire : « Si nous avions vécu aux jours des Apôtres, si nous avions été jugés dignes de contempler comme eux le Christ, nous serions aussi devenus des saints comme eux ». Ils ignorent qu’il est le même, lui qui parle maintenant comme alors au monde entier. Car, s’il n’était pas le même jadis et maintenant, Dieu identique en tout, comment le Père se montrerait-il toujours présent dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l’Esprit, puisque Jésus dit : Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi je travaille.

       Peut-être quelqu’un dira : « Ce n’est pas la même chose de l’avoir vu alors lui-même corporellement, ou d’entendre aujourd’hui seulement ses paroles et de recevoir un enseignement sur sa personne et sur son royaume ». Moi, je vous dis : « La situation actuelle n’est sûrement pas la même qu’alors, mais c’est la situation d’aujourd’hui, de maintenant, et elle est beaucoup plus heureuse, car elle nous conduit plus facilement à une foi et à une conviction plus profondes que le fait de l’avoir vu et entendu alors corporellement ». Autrefois, il apparaissait à ses compatriotes comme un homme d’une humble condition ; aujourd’hui, c’est Dieu qui nous est prêché, Dieu en vérité. Autrefois, il fréquentait les publicains et les pécheurs, mangeait avec eux ; aujourd’hui, il est assis à la droite de Dieu, son Père, n’ayant jamais été séparé de lui. Nous croyons qu’il nourrit le monde entier, nous disons que sans lui rien ne se fait ; là est notre foi. Autrefois, tous jusqu’au dernier le méprisaient, disant : N’est-il pas le fils de Marie et du charpentier Joseph ? Aujourd’hui, les rois et les puissants l’adorent comme le Fils du vrai Dieu, Dieu lui-même ; il a glorifié et il glorifie ceux qui l’adorent en esprit et en vérité, même s’il les corrige souvent car ils sont pécheurs. Eux qui étaient fragiles comme l’argile, il les rend solides comme le fer, les plaçant au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Autrefois, il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres ; Dieu sans forme et invisible, il a reçu sans subir d’altération ni de changement, une forme dans un corps humain, et s’est montré totalement homme, en n’offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Il a mangé, bu, dormi, transpiré, s’est fatigué, tout comme un homme, excepté le péché. Aujourd’hui, c’est grande chose que de reconnaître et de croire qu’un homme pareil est Dieu, et de dire à la suite de Pierre : Toi, tu es le Fils du Dieu vivant !