Romains 1, 1-17

L’évangile de Dieu

Saint Irénée

Contre les hérésies, III, 1, 1, p. 276s

       A ses apôtres, le Maître de toutes choses donna « pouvoir d’Evangile », et par eux nous avons connu la vérité qu’enseigne le Fils de Dieu. C’est aussi à eux que le Seigneur a dit : Qui vous écoute m’écoute, qui vous méprise me méprise et méprise Celui qui m’a envoyé. Cet Evangile, d’abord ils l’on prêché ; ensuite seulement, suivant la volonté de Dieu, ils l’ont transmis sous forme écrite pour qu’il devienne le fondement et la colonne où s’appuie notre foi. Il n’est pas permis de prétendre qu’ils ont prêché avant qu’ils aient reçu la parfaite connaissance. Revêtus de la force d’en-haut par l’effusion de l’Esprit Saint, rempli du don de science au sujet de tout, ils eurent parfaite connaissance, tous ensemble et chacun pour son compte, de l’Evangile de Dieu.

       Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Evangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Eglise. Après la mort de ces derniers, Marc le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Evangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia lui-aussi l’Evangile tandis qu’il séjournait à Ephèse, en Asie.

       Et tous ceux-là nous ont transmis l’enseignement suivant : un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre, qui fut prêché par la Loi et les Prophètes, et un seul Christ, Fils de Dieu. Si donc quelqu’un leur refuse son assentiment, il méprise ceux qui ont eu part au Seigneur, méprise aussi le Seigneur lui-même, méprise enfin le Père ; il se condamne lui-même, parce qu’il résiste et s’oppose à son salut, ce que font précisément tous les hérétiques.