Jean 1, 29-34

voici l’agneau de dieu

Dom Augustin Guillerand

Au seuil de l’abîme, p. 83s

       La présentation de Jésus par Jean est de toute beauté et de toute profondeur. La lumière vraie éclaire magnifiquement son témoignage. Dans ce simple Galiléen, qui pouvait être d’assez pauvre moine, Jean montre le Sauveur du monde ! Voici celui qui ôte le péché du monde.

       Les Juifs avaient grâce à la Révélation, une juste idée du péché et de ses conséquences. Toute la Bible est l’expression de cette idée. Le Désiré des nations était Celui qui secourait ce joug, et ce qu’on attendait de lui était avant tout cette libération.

       Le péché avait éteint dans l’âme humaine cette clarté vraie qui montrait la vraie vie et qui la faisait couler de Dieu en elle. Dieu était là, il continuait de communiquer son Etre ; il restait le Créateur, mais il ne donnait plus sa Vie qui est de se connaître, de s’aimer. Il n’était plus Père, il n’engendrait plus dans l’âme son Verbe, il ne répandait plus en elle son Esprit d’amour. L’âme ne le connaissait plus dans la lumière de ce Verbe, elle ne l’aimait plus dans cet Esprit d’amour, elle était animée d’un autre souffle, éclairée d’une autre lumière, elle n’était plus l‘enfant de Dieu, elle était l’esclave du péché.

       Le Rédempteur attendu devait secouer ce joug, rétablir le contact avec la Lumière et refaire de l’homme un fils de lumière.

       Et Jean, témoin de la Lumière, disait aux hommes qui attendaient depuis si longtemps : Voilà Celui qui ôte le péché du monde. Voilà la grande Lumière, la Lumière qui est la Vérité et la Vie, la Lumière qui montre l’Amour, le don de Dieu à l’âme.

       Comment Jean a-t-il pris contact avec cette Lumière ? Comment s’est-elle manifestée à lui pour qu’ensuite il nous la manifeste ? J’ai vu l’Esprit-Saint sous forme de colombe qui descendait sur lui et s’y reposait. Jean a vu une colombe, dans cette colombe l’Esprit-Saint ; il l’a vue descendre du ciel et reposer sur la tête de Celui qui venait pour être baptisé. Jean a reconnu l’Agneau qui ôte le péché du monde dans l’éclat d’une lumière, et cette lumière est la Lumière exilée du monde depuis le péché. La Lumière repose sur la tête de Celui qui est là pour recevoir son baptême.