Isaïe 8, 1-18

Le prophète Isaïe et les enfants : l’exemple du Christ

Origène

Isaïe expliqué par les Pères, PDF 25, p. 128s

       Moi et les enfants que Dieu m’a donné, nous sommes des signes et des présages en Israël de la part de Dieu. Puisque les enfants ont été créés participant au sang et à la chair, notre Sauveur, lui aussi, a participé au sang et à la chair. Par sa nature divine, il était incapable de prendre forme de sang et de chair. C’est pour nous qu’il a pris cette forme qui lui était étrangère, pour qu’étrangers que nous lui étions à cause du péché, nous devenions de sa famille. Et c’est bien ce qu’explique l’auteur de la Lettre aux Hébreux quand il dit : Puisque les enfants aveint en commun le sang et la chair, lui aussi, le Christ, s’est fait proche d’eux. Quant à moi, je dirai qui, de même que les enfants ont eu part au sang et à la chair, et que l’un même, le Christ, s’est fait proche d’eux, de même, parce que les enfants ne peuvent entendre des discours trop difficiles, devenu un être de sang à cause de ces enfants qui ont eu part au sang et à la chair, parlant comme à des petits enfants, il ne tient pas des propos divins et ineffables, mais seulement ce que de tout petits enfants peuvent comprendre. De tout petits enfants, c’est ce que sont les hommes si vous les comparez à la perfection du Verbe.

       Vous pouvez bien citer le nom de Moïse, parler de tel prophète, de Jean, qu’aucun homme né d’une femme ne surpassa, jusqu’aux apôtres : Pierre, auquel les portes de l’enfer ne résisteront pas, et même Paul, qui fut emporté jusqu’au troisième ciel et entendit des paroles indicibles, vous n’ôtez rien à leur gloire en disant que même ce qu’ils ont compris, comparé à ce qu’ils n’ont pas compris, n’est qu’enseignement pour les petits enfants. C’est ce qu’il est donné aux hommes de savoir. Le Sauveur donc ne parle pas de ceux que l’auteur de la Lettre aux Hébreux appelle des petits dans le Christ, et dont il affirme qu’ils doivent boire du lait, et non une nourriture consistante, c’est de tous les hommes qu’il parle quand il dit : Me voici, moi et les petits enfants que Dieu m’a donnés.